L'acné est une maladie si répandue chez les adolescents et les adultes qu'elle est perçue comme un problème médical secondaire. Pourtant, par imprudence ou négligence, les lésions cutanées et leurs traitements peuvent avoir des conséquences désastreuses. Tout le monde, ou presque, a connu l'angoisse du gros bouton impossible à masquer. Ce mal touche 70% des adolescents en Algérie, selon le professeur Ammar Khodja du CHU Mustapha Pacha d'Alger. Lorsqu'un traitement adéquat est pris à temps, «les boutons disparaissent dans 90% des cas». A l'inverse, si l'acné est mal traitée, des cicatrices peuvent marquer la peau de manière définitive. Du moins, sur le papier. En réalité, tout n'est pas aussi simple. Certains pharmaciens soulignent l'importance des facteurs exogènes, contrairement au professeur Khodja pour qui l'hygiène ou l'alimentation ne sont pas des facteurs aggravants. «L'acné est due au stress, mais aussi à l'hygiène. On vit dans un environnement très sale, note une pharmacienne d'Alger. Quand la peau est grasse et qu'on la lave avec des produits conformes, généralement les boutons partent. Ici, c'est plus difficile de faire partir l'acné, parce que les bons produits ne sont pas utilisés.» Dégats Parfois, l'envie d'être beau à tout prix provoque des dégâts bien plus graves qu'une disgrâce esthétique. Curacné est l'un des médicaments les plus prescrits en cas d'acné sévère. Il est tellement puissant qu'il est formellement interdit aux patientes de tomber enceinte pendant le traitement et quelques mois après. «La molécule isotretinoïne, présente dans Curacné, provoque des anomalies et des malformations chez les bébés, telles que des becs de lièvre ou l'absence d'oreille externe, explique une pharmacienne. Ma sœur a refusé ce traitement, car elle allait se marier dans quelques mois. Elle a opté pour des crèmes dermo-cosmétiques.» Afin d'éviter tout risque, la prescription de Curacné doit obligatoirement s'accompagner de la prise d'une pilule contraceptive. «Mais le problème se pose chez les filles célibataires, surtout hors des grandes villes. C'est pris comme une insulte, la pilule les met mal à l'aise. En pratique, on ne la prescrit pas, pour éviter les problèmes avec la famille», confie un praticien. Les dermatologues mettent également en garde les jeunes femmes contre les produits de mauvaise qualité, achetés dans le commerce illégal. «Avant leur mariage, les femmes font des épilations à la cire avec des produits dont l'origine est inconnue. Ces produits provoquent des pustules et des lésions d'acné assez graves, sur le dos, les jambes ou le visage, affirme Nazim Benmehidi, dermatologue dans la wilaya de Aïn Defla. Elles arrivent chez le dermatologue dans un état catastrophique la veille de la cérémonie.»