Qu'attendre d'une équipe gouvernementale qui devrait nécessairement disparaître à l'issue de l'élection présidentielle qui se teindra dans à peine huit mois ? Evidemment pas grand-chose tant son existence sera courte et, de surcroît, chahutée par l'ambiance délétère qui caractérise les périodes électorales en raison, notamment, des divergences d'intérêts des forces politiques en compétition. La nouvelle équipe gouvernementale n'aura certainement pas les coudées franches pour trancher les vraies questions qui minent le développement économique et social, pour certaines, depuis des décennies, ni même la possibilité de travailler dans la sérénité durant cette période propice, comme on le sait, aux intrigues politiciennes et aux dérapages sociaux. Il restera toutefois, notamment aux technocrates du nouveau gouvernement, une large possibilité de manœuvre sur le terrain de l'économie où il reste à l'évidence beaucoup, pour ne pas dire, tout à faire. Dans un pays où la construction d'une économie de marché s'éternise et où les recettes d'hydrocarbures continuent à financer l'essentiel des besoins économiques et sociaux de la population, on ne peut effectivement pas se permettre de perdre encore du temps. Les réformes à mettre en œuvre pour doter le pays d'un authentique système de marché et redémarrer sur de nouvelles bases l'industrie nationale, devraient figurer coûte que coûte parmi les toutes premières priorités du nouveau gouvernement. Les décisions qui seront prises à l'issue de la prochaine tripartite, notamment en matière de relance industrielle, devraient en principe donner la mesure de ce surcroît d'intérêt pour les réformes économiques et sociales à entreprendre de toute urgence. Quoi de plus normal pour un pays qui, depuis l'année d'adoption de l'économie de marché (1989) à ce jour, n'est parvenu à forger aucun des outils propres au système de marché (toujours pas de marché financier, ni de marché boursier, ni de marché des changes, ni de marché foncier, immobilier et autres), ni même à enclencher une dynamique de développement industriel à même de satisfaire une partie significative des besoins locaux. Livré à lui-même et fortement ébranlé par les importations, l'appareil industriel est en phase de perdition. Sa remise sur rail exige une forte volonté politique et un train de mesures que le gouvernement ne devrait en aucun tarder à mettre en œuvre. La reprise en main de l'industrie nationale ne saurait s'opérer, comme c'est actuellement le cas par des opérateurs éparpillés à travers les nombreux centres de décisions de l'économie nationale (finances, industrie, agriculture, commerce etc.). Elle devrait être confiée à un seul centre de commande, et nous supposons que c'est précisément l'intention du chef de l'Etat et de son premier ministre, qui ont refondu l'ex-ministère de l'Industrie, de l'Investissement et de la PME en un ministère du développement industriel qui sera le chef d'orchestre des redéploiements économiques envisagés. A la traîne, y compris de ses pays voisins, l'Algérie a plus que jamais besoin d'un gouvernement fort qui gère autrement qu'aujourd'hui son économie, qui aille plus vite et plus résolument dans les réformes, et qui réorganise l'outil national de production de manière à ce qu'il soit plus réceptif à l'innovation et à la modernité.