Il a 56 ans et se faisait passer pour un cheikh de zaouïa. ce qui lui conférait, affirmait-il, le pouvoir de guérir toutes sortes de maux, entre autres ceux que la science désespère de traiter. La stérilité étant de ceux-là, un couple désireux de procréer est séduit par le bonimenteur et tente l'expérience. Le charlatan, qui habite à Djelfa, dans une zaouïa du nom de Dar Echeikh, arrive à Bouira le soir du 10 mai, avec son complice âgé de 28 ans, et se rendent chez le couple. Obéissant aux consignes laissées précédemment par les deux escrocs, le couple a pris soin de placer 60 millions dans un cabas qu'il a remis ce soir-là au guérisseur. Celui-ci s'en empare, puis tout en récitant des formules magiques, demande à la jeune femme d'enjamber le cabas contenant l'argent, puis d'aller dans l'autre pièce et d'attendre avec son mari qu'il les appelle. Ce que le couple s'empresse de faire. Alors les deux escrocs, selon un scénario minutieusement préparé, remplacent les billets de banque par des coupures de journaux, referment le cabas, puis rappellent le couple. Voilà, disent nos deux roublards, les esprits nous sont propices. Ils ont écouté nos prières. Mais il faut se conformer à un dernier rite : vous allez laisser le cabas dans un coin sombre de la pièce pendant quarante jours. Malheur à vous si vous y touchez, les esprits vous foudroieraient. Prenez garde ! Quarante jours plus tard, notre couple découvre qu'il a été roulé et dépose plainte. La police finit par découvrir la zaouïa et arrête le cheikh. Présenté le 13 mai au parquet, il a été placé sous mandat de dépôt. Mais l'autre lascar court toujours.