La formation professionnelle est encore perçue sous nos cieux comme un succédané à l'échec scolaire, voire décriée par les parents, ce qui n'encourage pas les élèves à aller vers les métiers. Les centres et instituts d'enseignement et de formation professionnelle de la wilaya de Biskra accueillent, aujourd'hui, plus de 8 500 stagiaires, dont 646 jeunes en milieu carcéral, inscrits dans divers cursus de formation, a-t-on appris. Afin de susciter un engouement chez des jeunes en rupture de ban, la direction du secteur a initié un certain nombre de mesures visant à attirer le plus possible de postulants, des deux sexes, à une formation pour cette rentrée qui s'annonce sous de bons auspices, a indiqué Hakim Kaci, directeur du secteur. Les délais d'inscription ont été rallongés, l'âge maximum requis à une formation diplômante dans les structures de la formation professionnelle a été relevé à 30 ans, au lieu de 25, et les indemnités de stage ont été rehaussées. En outre, notre interlocuteur précise que l'introduction de 13 nouvelles spécialités dans la carte de formation notamment celles relatives à la téléphonie mobile, l'énergie solaire, l'économie verte, la protection des végétaux, la mécanique agricole, la maroquinerie, l'électricité automobile et industrielle, la conduite d'engins, la maçonnerie de décoration et l'hydraulique, répond au souci d'être en adéquation avec les besoins du marché du travail. Avec l'ouverture de 2 instituts de 300 places chacun, l'un à El Alia et l'autre à la Zone ouest de Biskra, l'aménagement d'un internat de 120 lits pour filles et la construction de 6 logements de fonction à Ouled Djellal, d'un institut d'envergure nationale pouvant accueillir jusqu'à 300 stagiaires à Sidi Khaled et d'un autre à Sidi Okba doté d'un internat de 60 lits pour les filles, ajouté à cela le recrutement de 95 nouveaux formateurs spécialisés issus de différents corps de métiers, le secteur étoffe manifestement ses capacités d'accueil. Pour rappel, 420 spécialités figurent actuellement sur la nomenclature nationale de l'enseignement et de la formation professionnels mais les jeunes ne se bousculent pas pour intégrer ces structures de formation. Déplorant que le secteur de la formation professionnelle est encore perçu sous nos cieux comme un appoint où un succédané à l'échec scolaire, Hakim Kaci reconnaît que le secteur souffre d'une mauvaise image auprès des parents et d'un déficit de coordination avec le secteur de l'éducation nationale. «Dans les pays européens qui ont depuis longtemps compris l'importance de l'enseignement et de la formation professionnels, les apprentis et les stagiaires sont orientés, selon des critères et des profils définis, dès leurs plus jeune âge sans que cela ne crée chez eux un sentiment de rejet ou d'exclusion sociale. Le tissu industriel et économique, les ateliers, les laboratoires et les pôles artisanaux de ces pays sont alimentés en main-d'œuvre formée par les centres de formation mais chez nous cette frange de la société est encore déconsidérée», a-t-il souligné. Longtemps ballotté d'un ministère à un autre, sans moyens financiers ni encadrement technique et pédagogique, le secteur de la formation a indéniablement connu ces dernières années un fulgurant développement à Biskra. C'est que l'enjeu socioéconomique est de taille : offrir aux jeunes, n'ayant pu pour différentes raisons suivre une scolarisation classique, une possibilité d'acquérir un métier et assurer leur intégration sociale tout en couvrant les besoins de la communauté en métiers manuels et artisanaux de toutes sortes. Parmi les chantiers tenant à cœur au responsable du secteur, la révision du statut et des émoluments des tuteurs de stage, ne jouant pas toujours leur rôle pédagogique en surexploitant les stagiaires sans contrepartie, et la bonification des conditions d'études des apprenants par l'élargissement de la formation aux activités lucratives, sportives, culturelles et touristiques afin que le «syndrome de l'exclu» soit banni à jamais de l'esprit des jeunes candidats à une formation professionnelle.