Dans un entretien accordé à l'APS, le Pr Messaoud Zitouni, chargé de l'évaluation et du suivi du cancer, a recommandé une formation supplémentaire au profit des médecins généralistes qui prennent en charge les cancéreux au niveau local. Le Pr Zitouni déplore que la formation assurée dans les facultés de médecine «ne correspond plus à l'évolution de la situation pandémique» dans la société, ce qui nécessite, selon lui, une formation supplémentaire. Le spécialiste a appelé les ministères de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à coopérer afin d'assurer cette formation aux médecins généralistes et aux chirurgiens oncologues. Il a plaidé pour le rapprochement des citoyens des cellules de base et de doter celles-ci d'une équipe médicale et paramédicale. «Ces cellules seront gérées par un médecin généraliste ayant reçu une formation dans le domaine et dont le rôle consistera à assurer le suivi des soins accompagnant le traitement de base et la prise en charge psychologique du malade». Le spécialiste a relevé, par ailleurs, certaines lacunes enregistrées en matière de transfert des malades vers différents services et d'une wilaya à l'autre pour les besoins d'une prise en charge en oncologie. Le Pr Zitouni a salué le rôle des associations dans l'accompagnement et le soutien apporté aux patients et leurs proches afin d'atténuer leurs souffrances. Il a aussi salué le rôle du secteur privé dans la prise en charge du cancer, soulignant que le secteur public demeure l'«axe principal» dans la protection de la santé du citoyen. Evoquant la recherche scientifique en oncologie, le Pr Zitouni a estimé que la recherche doit être centrée sur deux axes. Le premier concerne une analyse approfondie sur la prolifération du cancer en Algérie en se référant à des données cliniques, tandis que le deuxième a trait à l'échange scientifique en matière de biotechnologie. Il a insisté à ce propos sur l'importance d'accompagner l'évolution dans le monde en matière de médecine. Le spécialiste a proposé l'élaboration d'une étude pandémique qui touche toutes les catégories d'âge, soulignant la possibilité de guérison des cas dépistés à un stade précoce. Le renforcement de la prévention et du dépistage précoce de la maladie réduit le taux d'atteinte. Citant le cas des pays développés qui ont mobilisé d'importants moyens pour la prise en charge du cancer, en particulier en matière de médicaments, de chimiothérapie et de radiothérapie, il a estimé que leur expérience n'a pas permis de stopper la prolifération de cette maladie ni de réduire le taux de mortalité, ce qui les a poussés à investir dans la prévention qui a donné, selon lui, des résultats satisfaisants. Dans ce sens, le Pr Zitouni a appelé les autorités publiques à adopter la même politique de prévention suivie par ces pays, basée sur la lutte contre les facteurs déclencheurs du cancer, comme le tabac et certaines mauvaises habitudes alimentaires, outre la sédentarité et l'absence de l'effort physique. Il a souligné avoir soumis des propositions sur cet aspect dans le rapport final sur l'évaluation et le suivi du plan national de lutte contre le cancer. Concernant le dépistage précoce de la maladie, le Pr Zitouni a précisé que plus la maladie est dépistée à un stade précoce plus le malade a des chances de guérir, déplorant le fait que la plupart des cas sont dépistés à un stade avancé, ce qui fait que le traitement n'a pas la même efficacité. Pour assurer un dépistage précoce du cancer, il est important à ses yeux d'insister sur la prise en charge rapide du patient et l'organisation scientifique du protocole de dépistage selon les normes internationales. Ce qui est possible, puisqu'il signale que l'Algérie dispose de moyens importants à même de permettre une meilleure prise en charge des patients atteints de cancer. «Si l'Algérie parvient à dépasser certaines entraves bureaucratiques, elle pourra améliorer la prise en charge du cancer à court terme», a-t-il souligné, avant de préciser que les moyens mobilisés «contribueront à relever le défi oncologique durant les années à venir». Le Pr Zitouni a enfin mis l'accent sur l'importance de parvenir à un consensus thérapeutique sur le choix des molécules.