Les derniers chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes confirment la tendance à la hausse des importations et, en même temps, la contraction des revenus pétroliers. La balance des paiements en déséquilibre entraîne une fragilisation des finances publiques. Alerte rouge ! L'Algérie arrive depuis quelques années à dégager un excédent de la balance commerciale, fortement tributaire des revenus provenant de la vente du pétrole et du gaz qui constituent à eux seuls plus de 97% du volume global des exportations. En 2012, le pays avait réalisé un excédent commercial de 27,18 milliards de dollars contre 26,24 milliards de dollars en 2011, en hausse de 3,6%. Les exportations bénéficiaient alors de la bonne tenue des cours du brut. Mais la balance commerciale ne cesse de se dégrader début 2013 en raison d'une baisse des cours de pétrole nettement inférieurs à ceux de la même période de l'année dernière. Ils ont d'ailleurs régressé de moitié au premier semestre de l'année en cours en passant de 14 milliards de dollars en 2012 à 7 milliards de dollars. Cela a d'ailleurs suffi pour semer l'inquiétude parmi les dirigeants. La première alerte est venue du ministre des Finances. En mai dernier, Karim Djoudi avait mis en garde contre les effets de la baisse des prix du pétrole, dont dépend largement l'économie algérienne, expliquant que cette perspective «devrait inciter à la prudence dans la gestion du budget de fonctionnement». Un mois plus tard c'était au tour du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, de constater un fléchissement des prix du pétrole de 5,70% au cours du premier trimestre 2013, en plus d'un recul des quantités d'hydrocarbures exportées (-8,86%). Résultat : cette baisse des prix du brut a sensiblement réduit les recettes tirées des hydrocarbures de l'Algérie de plus de 3 milliards de dollars rien que pour le premier trimestre 2013 où elle se sont chiffrées à 17,53 milliards de dollars contre 20,37 milliards de dollars durant la même période de 2012, soit une contraction de 13,9%, selon les mêmes chiffres de la Banque d'Algérie. Autre indicateur alarmant : la baisse en quantité et en valeur des exportations pétrolières qui a impacté négativement la balance commerciale du pays, alors que les importations ont poursuivi leur tendance à la hausse. «Cette situation n'est pas soutenable d'autant qu'elle présente une vulnérabilité pour la balance des paiements», avait prévenu le gouverneur de la Banque d'Algérie. Si la balance commerciale a été sauvée grâce à un rebond du pétrole depuis le mois de juillet, pour atteindre 111 dollars – frôlant son plus haut depuis deux ans – la situation reste cependant des plus précaires au vu de la volatilité des prix des matières premières. Avec une facture des importations qui devrait atteindre 60 milliards de dollars à fin 2013, une première dans les annales, les choses vont se compliquer davantage. En gros, le mal réside dans la nature même de l'économie nationale, à faibles performances, dont les finances dépendent essentiellement des recettes d'hydrocarbures. Tout événement qui viendrait ébranler la demande internationale ou engendrer une faiblesse durable des prix du pétrole se traduirait par un fort amenuisement des recettes à l'exportation et aurait des conséquences dramatiques sur l'économie algérienne.