La situation instable chez nos voisins fait peser de réelles menaces sur notre pays qui doit consentir un effort continu de mobilisation en matière d'hommes et de matériels pour prévenir toute infiltration de groupes armés. D'est en ouest en passant par le sud-est et l'extrême sud, notre pays est entouré de foyers de tension qui forment quasiment un cercle de feu. Au point où l'armée nationale est sollicitée comme jamais auparavant pour faire face à des menaces diffuses. La plus évidente est sans doute cette instabilité chronique au Mali avec tout ce qu'elle implique comme risques de repli des djihadistes sur le sol algérien et évidemment l'exode des populations à la moindre étincelle. Force est de constater, en effet, que la guerre n'est pas encore finie là-bas. Même après l'élection de son président de la République, le Mali a du mal à recoller les «morceaux» du Nord. Dernier soubresaut en date dans les sables mouvants du Nord malien, les rebelles touareg et arabes ont annoncé brusquement, jeudi soir, qu'ils suspendaient les négociations avec le gouvernement de Bamako portant sur les territoires du Nord. Une rupture des négociations qui en dit long sur l'improbable accord sur le statut final de la région du nord. A Bamako, on ne veut point entendre parler d'autonomie et encore moins d'indépendance. Les Touareg eux, en font justement un préalable sans lequel aucun accord de paix n'est envisageable. Un dialogue de sourds que la parenthèse de la présidentielle et des négociations de Ouagadougou a juste mis en sourdine. Voilà donc l'équation malienne reprenant ses inconnues. Retour à la case départ au Mali ? Apeurée par cette sortie des rangs, la France a tôt fait d'appeler, hier, les deux parties «à faire preuve d'une attitude constructive, à s'abstenir de tout recours à la violence». Le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Vincent Floreani, a estimé important que le processus de dialogue se poursuive en vue de parvenir à «une véritable réconciliation entre Maliens». Rien ne garantit cependant que cette feuille de route puisse aboutir. Et c'est forcément là un nouveau souci pour l'Algérie qui a certes soutenu l'opération Serval et les nouvelles autorités maliennes, mais est aussi consciente que le retour de l'instabilité au Nord constitue une menace directe de sécurité nationale. Faut-il souligner ce que coûte à l'Algérie en moyens humains, financiers et logistiques de surveiller ses frontières poreuses du Sud. Et ce n'est hélas pas l'unique préoccupation pour l'Algérie, ceinturée de pays crisogènes. La Libye vient de prendre une décision extrêmement grave de sous-traiter la sécurisation de ses frontières à des armées et sociétés de sécurité privées occidentales. Et en phase préopérationnelle de cette gestion contractuelle de l'espace de souveraineté de la Libye. Son ministre de la Défense, Abdallah Al Thani, a déjà rencontré lundi les représentants de plusieurs sociétés privées étrangères spécialisées dans la sécurité des frontières pour leur proposer le «marché». Ce même responsable s'envolera ces jours-ci pour Washington à l'invitation de son homologue américain, Chuck Hagel. Le chef du Pentagone a déjà téléphoné à Abdallah Al Thani pour le rassurer que l'armée américaine «pourrait contribuer à la formation des forces de sécurité libyennes et au renforcement de la sécurité régionale à travers la stabilité et l'Etat de droit», selon le porte-parole du département de la Défense, George Little. Une «légion étrangère» en Libye Et une fois à Washington, Hagel en profitera pour décrocher de nombreux contrats au profit des compagnies privées et publiques américaines de sécurité en Libye. Sans doute que des sociétés sulfureuses comme la tristement célèbre en Irak et en Afghanistan, Blackwater aura sa part du «gâteau» sécuritaire qui sera offert en Libye. Il est aisé d'évaluer la menace d'avoir ce genre de «boîtes» ayant trempé dans le trafic d'armes et les liquidations physiques à nos frontières. Il faudrait s'attendre à un rush de ces «légions étrangères» en Libye pour sécuriser un pays sans institutions, ouvert aux quatre vents. D'autres pays voisins, comme le Niger et le Tchad, sont également sollicités pour cet effort de guerre. Au-delà du risque d'avoir des forces multinationales tout au long d'une frontière longue de près de 800 km, il est troublant de constater que l'Algérie n'a pas été associée. Est-ce un retour de flamme de la position algérienne vis-à-vis du régime déchu d'El Gueddafi ? Possible. Cela dit, notre frontière avec la Tunisie n'est pas non plus «tranquille». Les incursions répétées de groupes djihadistes sur le sol algérien sur fond d'instabilité politique, constituent autant de menace à prendre au sérieux. Et si l'on ajoute «l'inimité» réciproque avec le Maroc, on s'aperçoit que la Méditerranée est pratiquement le seul «espace» de paix pour l'Algérie. C'est dire que la situation est loin d'être bien «assise» pour l'Algérie avec ses voisins. Et avec un Président sur un fauteuil roulant, elle aura bien du souci à se faire.