Depuis sa création qui remonte à 1985, l'association religieuse de la mosquée Abdelhamid Ibn Badis de Mila n'a pas vécu autant de tribulations que durant ces trois dernières années. L'impossible cohabitation avec l'imam et les rapports houleux avec la tutelle sont avancés comme étant le principal goulot d'étranglement. Pis, la composante de ladite association n'est pas au bout de ses peines puisque ses 9 membres, (4 seulement, dont le président) d'après le directeur des affaires religieuses, sont cités à comparaître le 15 mai devant le tribunal de Mila pour répondre aux chefs d'inculpation retenus contre eux, à savoir incitation au trouble et construction sans permis, suite à une plainte déposée par la wilaya. Les mis en cause, échaudés déjà (d'après leurs affirmations) sous l'ère de l'ex-wali et l'ancien directeur des affaires religieuses et des wakfs (entre 2002 et 2004), étaient loin de se douter qu'ils allaient avoir maille à partir avec la justice. Tirs croisés sur l'imam et le directeur Pour ces derniers, les choses ont commencé à se précipiter à partir du moment où, pourtant, sur initiative de l'imam lui-même, l'idée de renouvellement de la composante de l'association a été mise en route en date du 9 octobre 2002 précisément. Sauf que celui-ci (l'imam) n'aurait pas digéré le rejet de candidature notifié après l'enquête administrative de la DRAG, en raison, semble-t-il, de l'éviction de « son proche ami », un certain Rabah Chelli, ainsi que l'ex-président et son premier adjoint. Selon nos informateurs, l'imam aurait, contre toute attente, créé une association parallèle, mais celle-ci a essuyé un rejet catégorique de la part de l'ex-wali. Par ailleurs, l'homologation par la wilaya de la composante proposée au renouvellement aurait buté sur le refus du premier responsable de la mosquée de collaborer avec celle-ci ou de permettre d'engager des travaux d'aménagement tant que sa tutelle ne lui a pas donné le feu vert en ce sens. Le directeur des affaires religieuses et des wakfs, M. Madani Boucetta, n'en est pas moins épargné par ses pourfendeurs qui l'accusent d'être l'autre source du blocage. Il serait en plus, toujours selon ses accusateurs, allé jusqu'à bloquer le système de collecte de fonds et la substitution de cette prestation au profit de la fondation de la maison de Dieu. Une mesure que l'association trouve contraire aux usages et incongrue, car appliquée exclusivement dans la wilaya de Mila. Et ce n'est pas tout. Le premier responsable du secteur est critiqué pour « avoir délibérément exclu l'association de la réunion qu'il a tenue en date du 2 mai 2006 avec l'ensemble des comités religieux ». De guerre lasse, l'association se réunira en assemblée générale pour informer les fidèles sur les « prétendues manœuvres déstabilisatrices et les clivages de l'administration ». Entre-temps, des travaux d'aménagement d'escaliers internes, confection de 17 latrines, pose de carrelage et de faïence, installation de caniveaux internes et externes, et électricité générale, sont lancés sur contribution personnelle de l'association, affirment nos interlocuteurs. Pour M. Boucetta, il ne fait aucun doute. Les membres de l'association poursuivis en justice sont coupables, au vu du décret exécutif n° 91-81, notamment l'article 27 définissant les attributions, le rôle et le fonctionnement de la mosquée, d'incitation à la fitna, de propagande et de construction sans autorisation préalable. « Des menaces et des insultes ont en outre été proférées contre ma propre personne et l'imam », affirme le premier responsable du secteur sur la base des rapports qu'il nous a présentés. En revanche, Brahim Benbeghila et Rachid Oulmi, respectivement président de l'association et trésorier, crient à la malversation en remettant en doute la probité de la facture n°01/2004 portant achèvement de certains travaux réalisés de surcroît par l'entrepreneur qui n'est autre que Rabah Chelli pour un montant de 149 994 DA et grassement visée par l'imam de la mosquée. Aux dires de ces derniers, le constat établi par un huissier de justice et les photographies effectuées sur la nature des prétendus travaux réalisés, figurant au détail de ladite facture, étayeraient la thèse de la concussion. En tout état de cause, beaucoup d'eau aura coulé sous le pont de cette association qui, en attendant que la justice fasse son œuvre, redoute au plus haut point la perspective d'une dissolution.