*Le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'est adressé jeudi à la 68e Assemblée générale des Nations unies en qualité de président de l'Etat de Palestine. Ghaza. De notre correspondant Une première depuis la reconnaissance de la Palestine comme Etat non membre de l'Organisation des Nations unies au cours de sa 67e session, le 29 novembre 2012. Sous les applaudissements de l'ensemble des représentants des pays membres au siège de l'ONU, à New York, le président Abbas a souligné que «l'heure de la liberté du peuple palestinien a sonné, l'heure de l'indépendance de la Palestine a sonné, l'heure de la paix entre les peuples palestinien et israélien a sonné». C'était la conclusion de son discours dans lequel il a affirmé que l'objectif de la direction palestinienne était d'arriver à un accord définitif avec Israël, mettant en garde contre le «tourbillon» que représenteraient des accords intermédiaires. «Notre objectif est d'arriver à un accord complet et définitif et à un traité de paix entre les Etats de Palestine et d'Israël qui résoudront tous les problèmes en suspens», a déclaré Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, chef de l'Organisation de libération de la Palestine, unique représentant légitime du peuple palestinien comme le reconnaissent toutes les instances internationales, représentation pourtant mise en doute par le mouvement islamiste Hamas qui contrôle une partie des territoires palestiniens, en l'occurrence la bande de Ghaza. Quelques mois après la reprise des négociations directes avec Israël, le président Abbas a tenu à affirmer, à l'AG de l'ONU, l'importance du processus de paix en cours et qu'il fallait à tout prix saisir ce qu'il a appelé la dernière chance en faisant allusion aux négociations qui ont repris en juillet passé après trois ans de suspension. Il a rappelé aux représentants de la communauté internationale qu'un nouvel échec du processus de paix aura des «conséquences catastrophiques et des répercussions terrifiantes» et les a poussés à intensifier le travail pour profiter de cette dernière chance. Abbas «reconstitue» le drame palestinien Abou Mazen a rappelé en outre l'injustice historique dont fut victime le peuple palestinien en 1948, lorsqu'une grande partie des citoyens furent forcés à quitter leur terre pour devenir de pauvres réfugiés dans les pays avoisinants ou même dans une partie de leur propre pays non encore occupé à l'époque. «L'injustice et la catastrophe qui ont frappé le peuple palestinien en 1948, année de la création de l'Etat d'Israël sur la terre palestinienne, doivent être levées, par un accord dont découlera une paix juste pour les peuples palestinien et israélien ainsi que pour tous les peuples de la région», a affirmé le président palestinien. Citant les difficultés auxquelles font face les négociations, M. Abbas a rappelé que 27 Palestiniens avaient été tués et que 965 autres avaient été blessés par des tirs israéliens depuis le début de l'année en cours, que les colons avaient commis 708 agressions, y compris contre des mosquées et des églises palestiniennes, et a rappelé qu'il reste près de 5000 prisonniers, qu'il a qualifiés de combattants pour la liberté et la paix, dans les geôles israéliennes. Le président palestinien n'a pas oublié de dénoncer la colonisation israélienne qui se poursuit malgré la reprise des négociations. Israël poursuit la construction de milliers d'unités coloniales et la démolition de maisons palestiniennes comme il renforce les mesures discriminatoires contre la ville sainte d'El Qods, a dit Mahmoud Abbas, qui n'a pas oublié d'évoquer l'embargo injuste imposé par l'Etat hébreu à la bande de Ghaza. Malgré toutes ces difficultés et particulièrement la poursuite de la colonisation qui l'a poussé à quitter la table des négociations en octobre 2010, Abou Mazen a promis que le côté palestinien – qui a fait de grandes et douloureuses concessions lorsqu'il a accepté que l'établissement du futur Etat palestinien se fera sur 22% seulement de la surface de la Palestine historique, les terres occupées en 1967 – fera tous les efforts nécessaires pour la réussite du processus de paix. Israël «snobe» Mahmoud Abbas Sur le plan politique, Israël a critiqué le discours du président Mahmoud Abbas qui, selon le ministre Yoval Steiniz, a ignoré «l'identité juive» de l'Etat d'Israël et n'a pas dénoncé le meurtre de deux soldats israéliens en Cisjordanie occupée. Sur le terrain, des affrontements entre des Palestiniens et des soldats israéliens ont fait plusieurs blessés parmi les citoyens sortis manifester leur mécontentement vis-à-vis de la politique de judaïsation menée par l'Etat hébreu, particulièrement dans la ville sainte d'El Qods. Des manifestations sont organisées dans toutes les villes palestiniennes de Cisjordanie occupée et même à Ghaza pour commémorer aussi le début de l'Intifadha d'El Aqsa, lancée un certain après-midi du 28 septembre 2000 sur l'Esplanade des mosquées d'El Qods. Une intifadha qui a duré plusieurs années au cours desquelles des milliers de Palestiniens furent tués ou blessés et des milliers d'autres jetés en prison. Le mouvement Hamas, qui s'oppose au processus de négociations actuel, souhaite une nouvelle intifadha en Cisjordanie occupée. Le mouvement espère améliorer son image de marque et échapper aux pressions dues à la relation actuelle avec les nouvelles autorités égyptiennes qui ont renforcé l'isolement de la bande de Ghaza en démolissant des tunnels de contrebande et surtout pour brouiller une nouvelle fois les cartes de l'Autorité palestinienne et de son président, Mahmoud Abbas.