Des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) doivent entamer, demain, l'une des opérations de désarmement les plus dangereuses jamais tentées, au beau milieu de la Syrie en guerre. Si un règlement politique en Syrie s'annonce très difficile, la communauté internationale s'active par contre à détruire les armes chimiques du régime de Bachar Al Assad, accusé par Washington de les avoir utilisées le 21 août dans une attaque contre un bastion rebelle qui a fait des centaines de morts. Des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) doivent entamer demain l'une des opérations de désarmement les plus dangereuses jamais tentées, au beau milieu de la Syrie en guerre. Il s'agit d'éliminer plus de 1000 tonnes de produits toxiques (sarin, gaz moutarde) stockés dans tout le pays. L'ONU et l'OIAC cherchent des candidats prêts à travailler d'arrache-pied pour tenir des délais. Tous les sites répertoriés dans la liste remise par la Syrie le 19 septembre à l'OIAC devront avoir été inspectés au plus tard dans 30 jours. Une résolution du Conseil de sécurité adoptée vendredi fait obligation au régime Assad de détruire la totalité de ses stocks d'ici la mi-2014. Mais les détails du plan élaboré par les Russes et les Américains le 14 septembre pour inspecter et nettoyer 45 sites de stockage restent à préciser, selon des diplomates. La résolution 2118 votée après d'âpres négociations russo-américaines, est en effet la première du Conseil de sécurité depuis le début du conflit en Syrie. Elle contraint le régime à détruire son arsenal chimique, sans cependant stipuler de sanctions automatiques en cas de manquement à ses engagements. Il faudra alors une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou, allié du régime syrien, une possibilité de blocage. Pour Dina Esfandiary, une spécialiste de l'Institut international pour les études stratégiques de Londres, «il est très difficile de s'assurer qu'Al Assad a bien déclaré tout son arsenal. Et puis les inspecteurs feront des cibles parfaites dans cette guerre civile. Quiconque voudra saboter l'opération – et je suis sûr que beaucoup voudront le faire – pourra les prendre en joue». Moscou et Pékin ont proposé leurs services pour l'opération syrienne. Les Etats-Unis, l'Allemagne et d'autres pays ont aussi offert leur aide technique ou financière. L'Italie a mis à disposition des appareils militaires C-130 pour transporter, depuis les Pays-Bas jusqu'en Syrie, les experts en armes chimiques avec leur matériel. Le régime syrien a assuré qu'il veillerait à la sécurité des inspecteurs, mais a affirmé que les rebelles pourraient chercher à saboter leur mission. Parallèlement, des experts de l'ONU, actuellement en mission en Syrie, poursuivent leur enquête pour déterminer si des armes chimiques ont été utilisées dans certaines zones du pays, après avoir confirmé à la mi-septembre le recours à ces armes prohibées le 21 août. Ces experts doivent conclure leur travail aujourd'hui et rendre un rapport vers la fin octobre. Sur le terrain, les violences ne connaissent toujours aucun répit dans le pays, avec un raid aérien du régime contre un lycée, hier dans le nord, qui a fait au moins 16 morts dont dix élèves, et des combats entre rebelles et soldats sur plusieurs fronts. Quid du règlement politique de la crise ? Le patron de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a rencontré samedi pour la première fois le chef de l'opposition syrienne Ahmad Jarba, a annoncé qu'une conférence de paix se tiendrait à la mi-novembre pour amorcer une transition politique, mais les protagonistes ont des objectifs différents pour un tel forum maintes fois reporté. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a jugé qu'une telle conférence ne pouvait décider du sort du président alors que pour l'opposition M. Al Assad n'a plus sa place dans la transition.