Le rétablissement de la paix dans le nord du Mali risque d'être différé pour un bon bout de temps. Et pour cause, des combats ont opposé, hier à Kidal, dans le nord-est du Mali, soldats maliens et rebelles touareg. Ceux-ci n'ont pris fin qu'après l'intervention des Casques bleus de l'ONU. Les deux camps, qui avaient reçu des renforts, ont fini par accepter de retourner dans leur base, également à la demande de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma). C'est la seconde fois en une semaine que de tels incidents se produisent. Selon une source militaire malienne à Kidal, une position de l'armée a été attaquée hier matin par des troupes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), provoquant la riposte des militaires. Dimanche, des échanges de tirs avaient aussi opposé des militaires à des hommes armés non identifiés, selon des responsables du gouvernorat de la ville. Le MNLA a soutenu, par contre, qu'il s'agissait d'une de ses unités, faisant état de trois blessés dans ses rangs et dénonçant une «provocation» de l'armée. Les «accrochages» entre les éléments du MNLA et les unités de l'armée malienne se sont multipliés après notamment que les nouvelles autorités du Mali aient opposé un niet à l'autonomie de l'Azawad, revendiquée par les Touareg. Accusant justement Bamako de ne pas avoir respecté ses engagements, les mouvements touareg et arabe du MNLA/MAA/HCU ont annoncé, cette semaine, leur décision de suspendre leur participation au processus de paix de Ouagadougou. Dans les faits, cette suspension est intervenue le 18 septembre 2013 à l'occasion de la deuxième réunion du comité de suivi et d'évaluation dudit accord. La Coordination a d'ailleurs adressé une correspondance à la Médiation pour la tenue, à Ouagadougou, dans l'urgence, d'une réunion extraordinaire de toutes les parties impliquées dans l'accompagnement de l'accord de Ouagadougou en vue d'évaluer sa mise en œuvre. Mais pour le moment, cette doléance n'a reçu aucune réponse. Quoi qu'il en soit, l'attaque la plus sanglante de ces derniers jours s'est produite à Tombouctou, autre ville du Nord, à près de 630 km au nord-ouest de Kidal, où des kamikazes ont lancé samedi leur véhicule piégé contre un camp de l'armée. L'attentat-suicide, qui a causé la mort de deux civils, a été revendiqué par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). Cette escalade de violence dans le Nord montre à tout le moins que la crise malienne, dans ses volets politique et sécuritaire, reste entière, même si les niveaux de violence ont beaucoup baissé. Le constat vaut également pour le sud du pays où des militaires continuent à faire parler d'eux. Mécontents cette fois-ci de leur traitement, hier, plusieurs dizaines de soldats ont ainsi tiré en l'air au camp militaire de Kati, près de Bamako. Il s'agirait de jeunes soldats qui protestaient pour ne pas avoir obtenu de promotion, contrairement à d'autres putschistes de 2012. Le général Sanogo, qui travaille et réside à Kati, n'était toutefois pas sur les lieux où se sont déroulés les incidents, dans lesquels un de ses proches, un colonel, a été blessé par balle après avoir été brièvement pris en otage. Et tous ceux qui connaissent «l'ex-capitaine» soutiennent que l'événement ne restera pas sans suite.