La première semaine d'octobre sera consacrée aux délibérations dans la plupart des universités. Après les examens de rattrapage, les étudiants en échec ont encore une chance pour sauver l'année. Et cela dépendra désormais des tractations conclues entre les enseignants lors de ces réunions. Dans le système LMD, il y a deux délibérations par an. Une pour chaque semestre. L'administration prépare toutes les notes, le PV semestriel et général de l'étudiant avec les moyennes pour chaque module et les soumet aux enseignants. Il faut avoir un 10/20 pour chaque semestre ou la même moyenne dans les deux semestres pour passer à l'année suivante. «Lors de ces sessions, les enseignants peuvent revoir les critères de passage à la baisse. En cas de fort taux d'échec, on est obligé d'appliquer un seuil de rachat même si le procédé est honni, afin de récupérer quelques étudiants», explique un enseignant de la faculté des Sciences de Tizi Ouzou. «Généralement, l'administration demande à la commission de délibération d'alléger un peu les critères de passage. Mais c'est au comité de formation (les enseignants, ndlr), de fixer le seuil de rachat», reconnaît le recteur de la Faculté de Droit d'Alger. D'après le Dr Ahmia Slimane, le faible niveau des étudiants oblige certains enseignants à abaisser la moyenne de réussite afin d'éviter la surcharge des paliers inférieurs d'un côté et le passage des étudiants avec un nombre élevé de modules en dette de l'autre. Une sorte de gestion des flux laissée à l'appréciation des encadreurs pédagogiques. Mais la pratique n'est pas du goût de tous les enseignants. «Avec ces mesures de sauvetage, on apprend à l'étudiant à ne pas faire d'effort et de travailler juste le minimum», dénonce l'enseignant de Tizi Ouzou. Pour ce dernier, l'étudiant bénéficie de plusieurs facilitations, ce qui se répercute négativement sur le niveau de l'enseignement. «Le système de compensation entre différents modules de la même unité d'enseignement, certains professeurs distribuent les bonnes notes comme des cacahuètes et le rachat masqué dans les commissions de délibération réduisent l'effort des étudiants. A ce rythme-là, autant assurer le passage automatique sans système d'évaluation», tonne un autre enseignant à l'Université Alger 2. «Je suis pour l'annulation des unités d'enseignement qui favorisent la compensation, car cela se fait surtout au détriment des matières essentielles. Et je suis pour le rétablissement des notes éliminatoires qui doivent être égales au nombre de crédits. C'est-à-dire si un module compte pour 6 crédits, en dessous de 6/20 l'étudiant doit le refaire. C'est à ce prix que l'apprenant redoublera d'efforts et le niveau de l'université s'améliorera», préconise l'encadreur de Tizi Ouzou. Côté étudiants, les avis sont contraires. «On n'a rien compris à ce système LMD. Avec les crédits, les notes, les unités d'enseignement et autres, on ne se retrouve plus», dénonce une jeune étudiante de Bouzaréah. «Déjà, je ne voulais pas faire une licence en psychologie. Cela ne me dit rien. En plus, les profs notent très sévèrement pour des modules qu'on n'a jamais rencontrés durant le cursus scolaire. A la fin, on perd les pédales et on se retrouve à quémander des points et attendre avec impatience les résultats des délibérations», poursuit-elle. Dans les couloirs de l'administration et près de la salle des enseignants, des dizaines d'étudiants sont agglutinés devant la porte, attendant aux aguets l'apparition d'un enseignant. «Je suis en troisième année de licence d'anglais, les résultats du rattrapage n'ont pas été communiqués et à la résidence universitaire on me dit que je n'ai pas le droit à une chambre. Je dois être fixée pour savoir si je dois réclamer une chambre. Il me manque seulement quatre points pour avoir mon année», dira, stressée, une autre jeune fille. Selon plusieurs enseignants, le taux de réussite des étudiants augmente de 5 à 10% par rapport aux résultats affichés après les examens de rattrapage. Les étudiants recalés plusieurs fois se verront attribuer des lettres de recommandation par l'administration de l'université afin de changer de spécialité ou d'établissement.