À travers cette action, la coordination nationale voulait surtout envoyer un message fort à la tutelle, qui a réuni le même jour les présidents-directeurs généraux des ports pour traiter le dossier de la privatisation des enceintes portuaires du pays. Tous les ports commerciaux du pays, à l'exception de celui d'Annaba, ont été paralysés hier par le mouvement de protestation déclenché par la Coordination nationale des syndicats pour protester contre le projet de privatisation des plates-formes portuaires par le gouvernement. À Alger, Oran, Mostaganem, Arzew, Ghazaouet, Béjaïa, Djendjen et à Skikda, le mot d'ordre du syndicat a donc été massivement suivi. À travers cette action, la coordination nationale voulait surtout envoyer un message fort à la tutelle, en l'occurrence le ministère des Transports, dont le siège a abrité hier une réunion des présidents-directeurs généraux des ports avec le ministre, Mohamed Maghlaoui, consacrée justement au dossier de privatisation des enceintes portuaires du pays. Pour le coordinateur national des conseils syndicaux des ports, Driss Benbraïk, le mouvement de grève a été suivi à 100%, mis à part le port d'Annaba où, d'après lui, “la non-signature du PV d'installation du nouveau bureau du syndicat du port par l'union de wilaya UGTA a empêché les syndicalistes de suivre cette action de protestation”. Chiffres à l'appui, il souligne que l'appel de la coordination a été entièrement suivi, comme le démontrent les 97 navires bloqués sur les quais et les 28 autres restés en rade. À Skikda, le syndicat estime le taux de suivi de la journée de protestation à 90%, pendant que la direction de l'entreprise portuaire fait état de 820 travailleurs en grève sur un effectif total de 1 336, soit un taux de 65,73%. À oran, tôt dans la matinée, les travailleurs ont pratiquement procédé à la paralysie générale des différents services administratifs et techniques relevant du port. Décriant le projet de privatisation concernant la séparation des activités commerciales de l'autorité du port, les travailleurs ont visiblement pris les devants pour “ne pas céder d'un iota au chantage exercé par le gouvernement”, ont déclaré les grévistes aux abords de l'EPO. Selon un délégué syndical, la journée de débrayage n'est pas le fait du hasard, mais “répond à une stratégie de pression sur les présidents-directeurs généraux qui étaient réunis, hier, avec les responsables du ministère de tutelle pour examiner le dossier de privatisation des entités portuaires”. Selon Benbraïk Driss, le mouvement de débrayage a été suivi à 100% à Oran. Trois navires marchands en rade n'ont pu pénétrer à l'intérieur du port et 15 autres à quai n'ont pas été déchargés de leur fret. Le port d'Oran a subi une perte sèche de l'ordre de 1,1 milliard de centimes occasionnée par cette journée de débrayage. Une situation que le responsable syndical national a mise sur le compte des “tergiversations de la tutelle”. M. Benbraïk Driss, qui ne s'explique pas les raisons de la privatisation, a souligné que les dividendes des entités portuaires versés annuellement au Trésor public sont estimés à 200 milliards de centimes. Une rencontre d'évaluation sera organisée à Alger prochainement pour décider des suites à donner à cette journée nationale de débrayage. H. S./B. G./A. T.