Avec plusieurs dizaines de milliers d'espèces de plantes différentes, le territoire algérien est un immense gisement de molécules actives d'origine végétale, dont la richesse est loin d'avoir été totalement inventoriée. Aujourd'hui, les ressources thérapeutiques traditionnelles de notre territoire font l'objet d'études systématiques. Dans le centre de recherche de biotechnologie de Constantine, sis à la nouvelle ville «Ali Mendjli», des chercheurs chevronnés se penchent sur les propriétés pharmaceutiques et thérapeutiques des molécules bioactives des plantes médicinales présentes sur territoire national. «Les plantes non encore étudiées sont considérées comme des plantes importantes», indique Tahar Boudiar, chercheur permanent dans la division Biotechnologie et santé. «Des milliers de composés médicaux de la pharmacopée occidentale sont tirés de plantes médicinales. Ces plantes sont utilisées depuis longtemps dans la médecine traditionnelle. En tant que chercheurs, nous travaillons à les identifier et à les étudier profondément pour pouvoir nous en servir à des fins diverses, médicales ou autres», ajoute-t-il. Identification des principes actifs à partir d'une plante médicinale A partir des échantillons dûment collectés et identifiés par les ethnobotanistes, les chimistes réalisent des extraits de la matière brute afin d'isoler les constituants chimiques, purs ou mélangés, de la plante. Pour définir leur activité pharmacologique et établir leur éventuelle toxicité, ces fragments sont testés sur des cellules en culture et chez l'animal. A ce stade, la sélection des particules est sévère, puisqu'en moyenne seule une molécule sur 10 000 composés analysés est retenue. «Nous essayons de connaître les composants chimiques des plantes autochtones, autrement dit des plantes qui poussent naturellement en Algérie, en utilisant des techniques chromatographiques qui servent à isoler et à identifier leurs principales substances», explique Sanna Abdessamed, chercheuse de la division biotechnologie et environnement du même centre. Les tests biologiques des extraits de plantes médicinales Les extraits et les molécules purs isolés des plantes font l'objet d'études biologiques poussées. Des tests in vitro et in vivo (tests sur les animaux comme les souris) visant à établir les activités biologiques des principes actifs isolés sont effectués. Après l'identification des substances, les essais thérapeutiques commencent. «Nous commençons d'abord par analyser l'extrait total dérivant de la plante médicinale sur différentes maladies en nous servant des activités antimicrobiennes, anti-inflammatoires, et anticancéreuses», éclaircit Tahar Boudiar. L'étape suivante est l'identification de la structure et de l'activité de chaque molécule et cela se passe dans le service bioinformatique. «Cela prend plus de 3 ans de travail approfondi», ajoute Sanna Abdessamed. Essai clinique des molécules provenant des plantes «Les essais de bonne qualité scientifique sur les plantes sont possibles, mais pas encore réalisés en Algérie», déclare encore Sanna Abdessamed. Cette étape consiste à tester ces molécules sur des personnes dont l'évolution de la maladie atteint le stade final. Dans la recherche pharmaceutique moderne, l'homme n'est le cobaye final de ces médicaments qu'après de très nombreuses étapes de validation pharmacologiques et surtout toxicologiques. La finalité de ces étapes est l'aboutissement aux essais cliniques des molécules naturelles. Et c'est ainsi que naîtra le médicament.