Activant depuis trois ans, les membres du réseau proposaient à leurs victimes résidant dans des quartiers huppés d'Alger des arrêtés d'attribution de terrains et des permis de construire falsifiés, cédés entre 160 et 750 millions de centimes. Un réseau de trafic de foncier a été démantelé par la gendarmerie dans la circonscription administrative de Douéra. Le groupe, composé de neuf éléments, dont un est actuellement en fuite, se proposait d'être un intermédiaire entre l'administration et des citoyens désireux d'acquérir des lots de terrain à la périphérie d'Alger. «Suite à des informations parvenues depuis une quinzaine de jours à notre brigade, nous avons lancé une enquête qui nous a permis d'identifier et arrêter quatre personnes à Douéra et Baba Hassen. La filature a permis d'identifier tous les trafiquants, dont l'âge varie entre 24 et 60 ans. Originaires des wilayas de Médéa, Mila et Jijel et Ghardaïa, ces gens ont acquis des biens immobiliers dans des quartiers résidentiels à Bab Ali, Birtouta, Douéra pour écarter tout soupçon. Le groupe est composé, entre autres, du gérant d'une exploitation agricole, d'un commerçant, d'un entrepreneur, d'un technicien supérieur et d'un étudiant. Chacun était chargé d'une opération lorsqu'il approchait et mettait en confiance les victimes», affirme le capitaine Barkat Riadh, chef de compagnie à la gendarmerie de Douéra. Chargé de la confection des documents falsifiés, un technicien en informatique, qui a géré un cybercafé durant 5 ans, possédait un local de peinture à Kheraïssia. Les gendarmes ont pu récupérer dans le local et le domicile du concerné l'unité centrale où étaient stockés 65 arrêtés d'attribution prêts à être distribués. Ce technicien monnayait ses documents contre des sommes oscillant entre 10 à 20 millions de centimes. Les autres éléments du réseau se proposaient de les céder aux clients mis en confiance. Activant depuis trois ans, les membres du réseau proposaient à leurs victimes résidant dans des quartiers huppés d'Alger des arrêtés d'attribution de terrains et des permis de construire falsifiés cédés entre 160 et 750 millions de centimes. Les documents étaient antidatés et portaient des cachets d'APC. D'ailleurs, un ancien vice-président de l'urbanisme de Douéra était mêlé au trafic. Lors des différentes perquisitions aux domiciles des membres du groupe, une vingtaine d'arrêtés cachetés, des plans de masse, des cachets de la commune, des permis, un fusil de chasse et une somme de 70 millions de centimes ont été récupérés. Informés que la wilaya allait lancer des opérations de résorption de l'habitat précaire, les trafiquant ont «diversifié leur activité». Ils proposaient à leurs victimes qui occupent un bidonville un logement contre le paiement d'une somme de 150 millions de centimes. Toute la région de Douéra accueillera 20 000 logements, dont plus 16 000 sont répartis à travers quatre sites. Ces logements seront distribués avant la fin de l'année. Les trafiquants, qui suivaient les déclarations du wali et des responsables de l'Habitat, proposaient d'être des intermédiaires pour l'acquisition de logements de différents types (LPP, LPA, AADL). Les personnes interpellées seront présentées aujourd'hui devant le procureur de République de Koléa pour faux et usage de faux dans des documents officiels, association de malfaiteurs, escroquerie, détention illégale d'arme à feu. La gendarmerie affirme vouloir lutter contre ces groupes dont une vingtaine - 5 à Alger - avait été démantelée ces derniers mois. «Des centaines de personnes ont été arnaquées par le groupe de trafiquants qui ont su gruger leurs victimes, dont beaucoup ont craint de les dénoncer. Seulement 6 personnes se sont déjà présentées à la brigade de Douéra. Nous demandons aux victimes de se déplacer vers nos différentes brigades. Le commandement de la gendarmerie s'engage à intensifier la lutte contre les agissements de ce trafic. L'Etat n'a jamais fait appel à des intermédiaires pour faire bénéficier les citoyens de ces différents programmes de logements», signale le colonel Abdelhamid Kerroud, chargé de la communication de la direction générale de la gendarmerie nationale. Quatre autres personnes avaient été arrêtées dans une autre opération de trafic de foncier. Parmi les personnes soupçonnées, deux employés de la subdivision agricole de Douéra.