Les coulisses de l'APN regorgent de rumeurs sur le départ du chef du gouvernement. Des députés sont persuadés que M. Ouyahia ne fera pas le déplacement à l'Assemblée pour la présentation de la déclaration de politique générale. Ils évoquent une raison : son limogeage par le président de la République ou sa démission de son poste. « La Constitution oblige le chef du gouvernement à présenter son bilan de politique générale. Toutefois, il ne peut respecter cette règle que s'il n'est plus à la tête du gouvernement », analyse un député FLN. Selon lui, les services de M. Ouyahia ont déposé le 13 mai le document relatif à la déclaration de politique générale au niveau du bureau de l'APN. Le chef de l'exécutif avait proposé une échéance allant du 24 au 31 mai pour la présentation de ce rapport. La loi organique de l'APN stipule que le bureau de l'Assemblée doit se réunir pour arrêter une date de la présentation du bilan qui sera communiquée au chef du gouvernement. Cette loi ne prévoit pas une période pour la réunion du bureau. Jusqu'à hier, les membres de ce bureau ne s'était pas encore réunis pour des raisons inconnues. Selon certaines indiscrétions, M. Saïdani, président de l'APN, aurait reçu des instructions pour retarder cette réunion. Il aurait même déclaré à ses proches qu'« il n'y aura pas de réunion de bureau tant que les choses ne seront pas claires en haut lieu ». Un député FLN, parmi les fidèles de Ali Benflis, a révélé que l'agitation de M. Belkhadem et son acharnement contre M. Ouyahia obéissent à des problèmes internes au vieux parti. Selon lui, M. Belkhadem n'arrive pas à maîtriser ni ses troupes ni la crise qui secoue sa formation. De l'avis de cet élu, les 150 députés pro-Benflis se sont donné le mot d'ordre de voter en faveur du rapport du chef du gouvernement. Un fait qui n'a pas été du goût du chef de file du FLN. « En dépit des instructions que nous avons reçues afin de ne pas ménager le chef du gouvernement et de voter contre son rapport, nous avons décidé d'aller en contresens de cette décision. Nous avons agi de la sorte, car nous n'avons rien à perdre. Nous savons que les députés pro-Benflis sont des indésirables qui ne seront pas reconduits lors du prochain mandat », dira cet élu. A l'APN, les fonctionnaires et les agents de l'administration parlent du départ de M. Ouyahia et de son remplacement par M. Sellal. Un fait que les députés n'osent pas avancer... Se voulant confiant et rassurant, un député RND a qualifié l'éventuel départ de M. Ouyahia de la tête du gouvernement de positif. D'après ses dires, cela permettra au secrétaire général du parti de se consacrer au RND et à la préparation des législatives et locales de 2007. « Actuellement, M. Ouyahia endosse une politique dont il n'est pas responsable, il est en train de gérer un gouvernement composé d'hommes du Président et des ministres majoritairement FLN. Le RND n'a aucun droit de regard sur cette politique. Le départ de M. Ouyahia va libérer les énergies au sein du RND », explique ce député. Ce même élu estime que le chef de l'Etat a, certes, le droit de dégommer le chef du gouvernement, mais il n'a pas le droit de le limoger suite à des pressions de certains responsables de partis politiques. Certains députés RND rencontrés à l'APN n'ont ni infirmé ni confirmé le départ de M. Ouyahia. D'autres députés de cette même formation sont convaincus qu'il y aura un changement de gouvernement, mais pas en ce moment. « Le président opérera inévitablement un changement au sein du gouvernement et ce, dans l'unique but de mettre sur un pied d'égalité les trois partis formant l'Alliance présidentielle. Néanmoins, si ce changement s'effectuera ces jours-ci, cela veut dire que l'équipe gouvernementale a échoué et c'est la mort de l'alliance créée pour soutenir le Président », dira le député RND