Le silence du secrétaire général du RND est diversement interprété par les observateurs de la scène nationale. Jamais un bilan de politique générale du gouvernement n'a soulevé autant d'intérêt au sein de l'échiquier politique national. Partira, partira pas, le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, est propulsé depuis quelques jours au centre d'une grande polémique. Un consensus semble être établi entre les différentes formations politiques, sur «l'échec» du gouvernement. Le suspens est parfaitement entretenu par M.Amar Saâdani, président de la chambre basse, seul habilité à convoquer une réunion du bureau de l'APN pour fixer la date de la plénière. Un retard lié, selon des sources parlementaires, «à la crise gouvernementale». «Le report a un lien direct avec les pressions exercées sur l'Exécutif», précise notre source. L'appartenance politique du premier responsable de la première chambre parlementaire ne fait que compliquer la situation. Ouyahia ira-t-il à l'APN pour présenter son bilan? Des informations rapportées par certains titres de presse évoquent l'annulation pure et simple de la séance plénière, tant attendue, aussi bien par les députés que par les observateurs. Selon M.Ayachi Daâdoua, le chef du groupe parlementaire du FLN, «c'est le seul moyen pour lui d'éviter la motion de censure». Mais dans l'état actuel des choses, le blocage viendrait de l'APN. Pour les proches collaborateurs de M.Ahmed Ouyahia, les «spéculations» autour du départ du chef du gouvernement «sont infondées». «Ouyahia ne partira pas, seul le chef de l'Etat peut prendre une décision pareille», précise notre interlocuteur. Les mêmes sources font savoir que «la balle est dans le camp de l'APN». «Le chef du gouvernement a saisi depuis plus de dix jours le bureau de l'APN pour fixer une date de la séance plénière entre le 24 et le 31 mai». Les lectures anticipées et les rumeurs n'ont pas «de justificatifs», sachant que le délai réglementaire n'a pas expiré. Cette «saisine est lourde de sens politique et prouve que Ouyahia n'a nullement l'intention de faire marche arrière», ajoute notre interlocuteur. Le RND a la certitude que la motion de censure n'aboutira pas. «Cette manoeuvre n'a aucune chance de réussir parce qu'elle ne se fonde pas sur des arguments objectifs». Il faut savoir qu'officiellement, aucun groupe parlementaire ne s'est prononcé sur la motion de censure. A l'exception de déclarations faites à la presse, tout le monde semble être dans l'expectative, dans l'attente, vraisemblablement, d'un signe du président de la République, a qui la Constitution confère la prérogative dissoudre le gouvernement ou encore de dissoudre l'APN. Ce qui est sûr à l'heure actuelle, c'est qu'il existe une réelle crise au sommet de l'Exécutif. Une crise qui semble atteindre son paroxysme. Mercredi dernier, le conseil de gouvernement ne s'est pas réuni. L'on ignore toujours les raisons, mais tout porte à croire que cela entre dans la logique de la crise. Fidèle à ses traditions, le secrétaire général du RND n'a pas réagi à la montée au créneau de ses alliés «stratégiques». Un silence différemment interprété par les observateurs avertis. Par ailleurs, tout porte à croire que ce nouvel épisode dans la longue série de divergences qui divisent le FLN, le RND et le MSP marquera «la mort» de l'Alliance stratégique et donnera naissance à d'autres alliances. Les rencontres informelles et formelles organisées par le FLN avec les partis de l'opposition sont la preuve de ce changement qui est en train de s'imposer sur la scène politique.