Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, a démissionné, hier, de son poste. Le premier magistrat du pays a répondu favorablement à la demande du chef de l'Exécutif, tout en lui rendant un hommage pour les efforts qu'il a fournis dans l'accomplissement de la mission qui lui avait été confiée. De son côté, M. Ouyahia a exprimé, selon l'APS, au président de la République son soutien total pour la politique qu'il a imprimée notamment au sujet de la réconciliation nationale, du renforcement de la sécurité et de l'édification économique. « Cela découle d'abord de mes convictions personnelles et ensuite du fait que j'ai pleinement pris part à ce processus durant ces trois années », a soutenu M. Ouyahia. Ce n'était donc pas une rumeur. M. Ouyahia, également secrétaire général du RND, avait bel et bien déposé, il y a une semaine, selon des sources proches du gouvernement, sa démission sur le bureau du premier magistrat du pays et ce n'était qu'hier que le président de la République a décidé de rendre publique cette décision tout en annonçant la nomination de M. Belkhadem à la tête du gouvernement. Aujourd'hui, l'on s'interroge notamment sur le sort de M. Ouyahia. Un personnage qui n'a jamais nié que l'Algérie lui a tout donné et qui répondra toujours présent lorsque l'on sollicitera ses services. Ahmed Ouyahia bénéficiera-t-il d'un « statut privilégié » au sein du dispositif Bouteflika, comme ce fut le cas de Belkhadem, ou sera-t-il éloigné du pouvoir ? Acceptera-t-il, à son tour, un poste dans un gouvernement dirigé par Abdelaziz Belkhadem ? Un Belkhadem qui a mené durant plusieurs semaines une campagne d'acharnement pour sa déstabilisation. Quel sera l'avenir de l'Alliance présidentielle, composée de trois partis (RND, FLN et MSP) et qui a été créée spécialement pour veiller à l'application du programme du président de la République ? Une chose est sûre, le RND ne compte pas changer de position puisque son chef a déclaré hier qu'il continuerait à soutenir la politique du chef de l'Etat. Néanmoins, les militants du RND et les proches de M. Ouyahia n'arrivent pas à admettre le choix du Président, ni sa décision de limoger M. Ouyahia. « Quels sont les motifs qui ont poussé le président de la République à agir de la sorte ? Que reproche-t-on à M. Ouyahia ? », s'interroge une source proche du RND. Celle-ci est persuadée que M. Ouyahia a été empêché de présenter sa déclaration de politique générale à l'APN car il avait des arguments incontestables pour prouver que sa gestion était bonne. « M. Ouyahia était prêt à aller à l'APN pour défendre son travail, il allait exposer un bilan chiffré. M. Ouyahia maîtrise très bien son dossier et tous les indicateurs étaient au vert. Apparemment, le président de la République lui-même s'est opposé à son déplacement à l'Assemblée parce que la décision de le dégommer de son poste avait été prise », dira-t-il. Mais bien que mécontents, les proches de M. Ouyahia se disent quelque part aussi soulagés puisqu'ils auront une plus grande marge de manœuvre. Toutefois, ils déplorent la manière avec laquelle le chef de l'Etat a écarté leur « patron ». « Le président de la République avait-il besoin de faire appel à certains partis politiques qui n'ont aucune présence politique sur le terrain pour s'attaquer à M. Ouyahia ? Durant une semaine, tout le monde parle du limogeage de M. Ouyahia, mais jusqu'à l'heure actuelle, aucune personne n'est en mesure d'avancer les raisons de ce limogeage », s'est interrogée notre source. La même source regrette, par ailleurs, que le chef de l'Etat ait poussé le chef du gouvernement à partir en lui mettant la pression. Pression qui s'est exprimée à travers les attaques de certains responsables de formations politiques. En outre, se voulant confiants et optimistes, les proches de M. Ouyahia sont persuadés, qu'aujourd'hui, le secrétaire général du parti s'occupera des affaires de sa formation. « M. Ouyahia a endossé une politique dont il n'est pas responsable. Il a géré un gouvernement composé des hommes du Président et des ministres majoritairement FLN. Le RND dans ce cas de figure n'a aucun droit de regard sur cette politique. Le départ de M. Ouyahia va libérer les énergies au sein du RND et nous allons préparer les prochaines échéances qui sont très importantes », explique un membre du RND.