Les cadres du RND suivent avec intérêt l'agitation du FLN autour de la présentation du programme du gouvernement. “Nous sommes à l'image du marchand de gomme. Les erreurs des autres servent nos intérêts”, nous dira un responsable du parti. À ses yeux, le FLN multiplie, depuis quelques jours, les faux pas et surtout les erreurs de jugement. “Le bureau de l'APN ne peut pas empêcher le chef du gouvernement de présenter sa déclaration de politique générale, sauf s'il transgresse une disposition constitutionnelle”, affirme notre interlocuteur. Il s'interroge, par ailleurs, sur les raisons qui incitent le président de l'APN à retarder autant la réunion du bureau pour fixer une date au passage du gouvernement en plénière. “Nous sentons là une volonté de tergiverser, jusqu'à la date limite, afin de donner l'impression de l'existence d'une crise. Mais tout rentrera dans l'ordre avant la fin de la semaine en cours.” Il rappelle, également, que lors de la dernière réunion de la coordination nationale de l'alliance nationale, à la fin du mois d'avril dernier au siège du FLN, Salah Goudjil (membre de la direction du FLN) a proposé une rencontre du comité parlementaire de la coalition, à la veille de la présentation du programme du gouvernement, afin d'adopter une position commune au moment du vote. “Je ne comprends pas ce revirement”, reconnaît-il. De son côté, le porte-parole du parti et président de son groupe parlementaire, Miloud Chorfi, a indiqué que Layachi Daâdoua, son homologue au FLN, a proposé, à la fin de la semaine dernière, de réunir les chefs des trois groupes parlementaires (FLN, RND et MSP) afin de discuter du programme du gouvernement. Pour lui, “l'action de nos partenaires de l'alliance présidentielle relève de la surenchère politicienne. Le FLN entre déjà en campagne électorale car le mandat de l'APN arrive à terme”. De l'avis d'un autre député du rassemblement, le FLN se sert de la presse pour faire parler de lui, mais il ne s'aventurera pas à voter une motion de censure contre le gouvernement, pour la simple raison que l'équipe d'Ouyahia présentera le bilan de son activité durant l'année écoulée et exposera son programme pour les douze mois à venir. Un programme inspiré, au demeurant, totalement du projet du président de la République. “Voter contre la déclaration de politique générale du gouvernement équivaut à voter contre le programme du chef de l'Etat”, précise le parlementaire. Il souligne que le parti dirigé par Abdelaziz Belkhadem et celui de Abou Djerra Soltani souhaitent le départ de Ahmed Ouyahia et la nomination, à la tête de l'Exécutif, d'une personnalité non partisane, à même de préparer les législatives du printemps prochain. “S'ils croient pouvoir atteindre cet objectif en adoptant une motion de censure à l'APN, ils se trompent”, nous dit-il, expliquant que le limogeage d'un chef du gouvernement reste une prérogative essentielle du premier magistrat du pays. “Si Bouteflika voulait remplacer Ahmed Ouyahia, il l'aurait fait sans attendre l'initiative de l'APN. D'ailleurs, il ne consentira pas à les laisser faire et donner ainsi une crédibilité à l'institution parlementaire à une année des législatives”, analyse-t-il. Au-delà, notre interlocuteur assure que le RND tirera grandement profit de la démarche du FLN, s'il va au bout de sa détermination à voter une motion de défiance contre le gouvernement Ouyahia. “Ce vote signera systématiquement l'arrêt de mort de cette législature. En toute honnêteté, des législatives anticipées arrangeront les intérêts du RND”, en ce sens que le parti, qui n'occupe actuellement que 50 sièges à l'Assemblée nationale, aura toute latitude d'en obtenir nettement plus à l'issue des élections législatives. “Nous savons, toutefois, que les députés se défouleront sur les ministres critiqués par le président de la République, mais finiront par adopter, à la majorité absolue, la déclaration de politique générale du chef du gouvernement”, conclut-il. S. H.