Armée et forces de l'ordre sont sur le qui-vive dans toutes les zones susceptibles d'abriter des terroristes. Le groupe Ançar Charia est accusé. Plusieurs sources ont rapporté, ces derniers jours, des informations indiquant l'imminence d'attaques terroristes en Tunisie. On craignait fort pour la fête de l'Aïd. Finalement, le danger est venu d'un contrôle de routine d'une maison suspecte. Les terroristes embusqués ont assassiné deux agents de la Garde nationale. La patrouille de trois agents a été accueillie par un feu nourri, alors qu'elle se présentait, avant-hier matin, devant l'endroit suspect dans la zone de Dour Smaïl, à une quarantaine de kilomètres de Tunis à vol d'oiseau. Présence terroriste significative Le chef de poste de la Garde nationale à Gbollat et l'un de ses agents ont été tués sur le coup. L'autre agent a été grièvement blessé et a été transféré vers un hôpital de Tunis. Ses jours ne sont plus en danger. Le nombre de terroristes serait de 20 à 25, selon des sources de la Garde nationale. Ils ont quitté leur repaire et se sont dirigés vers la zone forestière montagneuse voisine. Les troupes accourues rapidement sur place ont procédé à l'encerclement de la région. L'armée de l'air, venue en renfort, a effectué des raids violents jeudi en fin d'après-midi et durant la soirée. Un communiqué publié hier par le ministère de l'Intérieur a annoncé des pertes parmi les terroristes et la poursuite des opérations pour venger les martyrs de la nation. Des sources sur place ont parlé de deux morts parmi les terroristes et d'un troisième élément capturé blessé. Selon une source présente sur les lieux de l'incident, tout a commencé par une information parvenue au poste de la Garde nationale de Gbollat indiquant que des terroristes se seraient repliés dans deux maisons situées près du flanc de la montagne dans la région de Dour Smaïl, à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Gbollat, dans l'axe Mornaguia-Tunis. Ils auraient loué ces deux maisons depuis deux mois en prétendant être des bergers. Depuis, le doute planait sur la véritable identité de ces personnes. Le chef de poste a reçu, semble-t-il, l'ordre de se déplacer sur place à la tête d'une patrouille afin de vérifier l'information. Arrivée devant la maison suspecte, la patrouille a été accueillie par un feu nourri et ses trois membres n'ont pu réagir à cette attaque-surprise. La scène rappelle étrangement le décès de l'adjudant Anis Jelassi en décembre dernier dans la zone de Fériana, sur la frontière algérienne. Feu Anis Jelassi était lui aussi sorti prospecter une zone susceptible d'abriter des terroristes selon une information parvenue au poste ; il avait été tué par des terroristes. Attaques simultanées Cet incident meurtrier a par ailleurs permis de découvrir une cache d'armes modernes et un atelier de fabrication d'explosifs. Par contre, les actions annoncées se sont résumées à deux tentatives d'attaque contre des postes de la Garde nationale à Ghardimaou près de la frontière tuniso-algérienne (Faj Hassine et El Mella) et une fusillade contre une patrouille au mont Chaâmbi près de Kasserine. Aucune perte humaine n'a été enregistrée lors de ces attaques. Toutefois, le fait d'opérer simultanément à partir d'endroits différents indique une présence terroriste significative en Tunisie. Le maquis de Chaâmbi a fait des émules. Plus grave encore, Dour Smaïl est pratiquement aux portes de Tunis. Mais ce village n'est pas l'unique tache noire aux alentours de Tunis. D'autres cités comme Douar Hicher, Mornaguia ou Mohamedia pullulent de potentiels terroristes, comme l'indiquent les prêches des imams de la région chaque vendredi. Par ailleurs, ce qui se passe aux environs de la capitale est en symbiose avec des incidents dans d'autres zones de la Tunisie, rappelant ce danger déstabilisateur latent. En effet, hormis les attaques contre les postes frontaliers du Nord-Ouest, il y a lieu de signaler qu'un chef djihadiste de la cité Al Karma, à Kasserine-ville, est descendu avec ses hommes du maquis de Chaâmbi la veille de l'Aïd pour rendre visite à sa famille. Le groupe serait resté trois heures dans la cité avant que l'alerte ne soit donnée. La descente des forces spéciales a donné lieu à un échange nourri de rafales, mais les terroristes sont parvenus à s'évaporer dans la nature. C'est dire que les groupes terroristes sont présents dans plusieurs zones, comme l'indiquent leurs attaques simultanées. Le terrorisme est désormais installé en Tunisie. Hier, deux agents de la Garde nationale ont payé de leur vie le tribut de la défense de la patrie contre ce fléau. Ils ont rejoint la caravane de martyrs formée par Anis Jelassi, les soldats morts lors des opérations de déminage, Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, les huit soldats tués fin juillet à Chaâmbi… et la liste risque de s'allonger au vu de l'implantation djihadiste. Cependant, un point d'honneur pour la population locale, les citoyens n'ont cessé de renseigner sur les mouvements des djihadistes, ce qui prouve qu'elle ne les apprécie guère. La bataille risque toutefois d'être rude.