La réaction de l'armée et des forces de l'ordre tunisiennes a été fulgurante contre le groupe de terroristes ayant tué deux agents de la Garde nationale jeudi dernier à Dour Smaïl (40 km au sud-ouest de Tunis). Neuf terroristes ont été abattus et quatre autres capturés vivants. Tunis (Tunisie) De notre correspondant Un butin de guerre a été découvert : armes, munitions, détonateurs, outils de vision nocturne ainsi qu'un laboratoire de fabrication d'explosifs et des tonnes de composants chimiques. Après un bombardement intensif, depuis jeudi soir, de la colline où se sont réfugiés les terroristes impliqués dans l'assassinat de deux agents de la Garde nationale, les unités spéciales de l'armée et des forces de l'ordre procèdent, depuis hier, au ratissage d'usage pour voir l'impact des frappes aériennes et des tirs d'artillerie. Les découvertes de cadavres de terroristes se sont donc poursuivies avec l'avancement de l'opération de ratissage. Déjà, les contrôles à distance ont permis de localiser quatre cadavres de terroristes depuis vendredi. Hier matin, trois autres ont été retrouvés, puis deux nouveaux, relevant le chiffre à neuf terroristes abattus durant les bombardements. Les corps sont carbonisés, preuve qu'ils ont été tués dans les bombardements, non dans un échange de tirs. La journée d'hier a également connu la reddition de trois terroristes aux forces de l'ordre. Ils sont ainsi quatre à avoir été capturés vivants puisqu'un premier avait été pris vendredi suite à l'assaut d'une maison où il s'était retranché. Par ailleurs, dans une conférence de presse organisée hier au ministère de l'Intérieur, son porte-parole, Mohamed Ali Laroui, a indiqué que «le groupe de terroristes serait formé de 15 à 16 éléments». «Deux ou trois seraient encore en cavale», a-t-il poursuivi. Concernant l'identité de ces éléments, M. Laroui a précisé qu'il s'agit de restes d'autres groupes terroristes décimés par les arrestations. «Nous n'avons pas encore de visibilité sur leurs nationalités. Mais nous savons déjà que les groupes terroristes rassemblent Tunisiens, Algériens, Mauritaniens, Libyens et autres nationalités», a-t-il indiqué. Base arrière Le choix de la région de Dour Smaïl n'a pas été fait au hasard. La zone est proche d'une montagne susceptible de servir de refuge en cas de besoin. En plus, elle est dans les environs du village de Gbollat, connu par la forte présence de djihadistes rigoristes parmi sa population. Selon Ali Bechrifa, membre de l'Assemblée nationale constituante pour la région de Béja (chef-lieu de Gbollat), le délégué (plus haute autorité administrative) de Gbollat a été chassé par les djihadistes de son bureau, durant le printemps dernier, pendant plusieurs semaines. Il avait dû rester au gouvernorat de Béja le temps de trouver un terrain d'entente avec ces groupes. Les terroristes se trouvent à Dour Smaïl dans un environnement favorable à leur cause. La preuve, ils étaient restés deux mois dans cette maison avant d'être découverts suite à une opération de contrôle. Par ailleurs, l'importance du butin retrouvé indique la faiblesse du réseau d'information dans la région. En effet, les dernières révélations sur le refuge des terroristes à Dour Smaïl indiquent la spécialisation de ce lieu dans la production et l'essayage des explosifs. Il y avait en effet tous les ingrédients – 12 sacs d'ammonitrate, 5 sacs de soufre, des détonateurs, etc. – en plus d'un atelier destiné à la production d'explosifs. Un tunnel de 10 mètres a été en outre découvert ; il serait destiné, selon les spécialistes, à l'essai des explosifs. Les forces de l'ordre ont également trouvé des armes légères et des munitions. Au total, il y avait à l'intérieur de la maison près d'une tonne de composants d'explosifs, en plus de deux autres tonnes retrouvées dans la maison voisine, qui recelait également des caisses de bombes, munitions, armes légères, etc. La découverte de cette base arrière indique que le terrorisme est bien implanté en Tunisie. La lutte pour l'éradiquer risque d'être dure et de longue haleine.