Notre confrère du quotidien Horizons, Rachid Hammoudi, revient, dans son nouveau livre intitulé «Tahar Djaout, un talent cisaillé», sur la vie, le parcours et l'œuvre d'un homme d'exception. Cette publication retrace ainsi l'itinéraire de l'écrivain journaliste et poète, Tahar Djaout. Ce dernier est décrit par l'auteur comme «Un talent cisaillé», pour résumer sans ambages ses prédispositions à aller encore plus loin dans sa production littéraire et journalistique s'il n'a pas été ravi aux siens par les forces du mal. En lisant le livre de Hammoudi, sorti à la maison d'édition l'Odyssée, on peut aisément comprendre que Djaout est «devenu, malgré lui, l'homme de la seule famille qui avance». «Djaout est un fils de pauvre qui s'est construit par sa seule volonté. Ses parents comme les nôtres ne lisaient pas vraiment ce qu'il écrivait», a fait remarquer l'auteur, qui parle aussi de l'enfance tourmentée du poète, notamment les premières années de sa scolarité effectuée durant la guerre de libération. Des moments durs, vécus par la population de son village natal devant l'atrocité du colonialisme. Ces événements ont ensuite grandement inspiré Tahar Djaout pour signer son roman «Les chercheurs d'os». «Il enjolive quelques souvenirs comme dans «Le Guêpier», dans «Les Rets de l'oiseleur», ou la mort d'un jeune enfant, Hdidouche, tué par l'armée française. Il s'agit en fait de la mort du vieux Dahmane Gasmi, cisaillé par une rafale au-delà des barbelés, qui enserraient le village d'Oulkhou, où vinrent se réfugier les habitants des autres hameaux», écrit dans son livre Rachid Hammoudi en rappelant que la véritable histoire de l'homme, pour l'auteur des «Vigiles», est celle de l'enfant. «Dans ce que j'écris, il y a une sorte de monument élevé à l'enfance. Je ne vais pas me psychanalyser moi-même mais il est évident que la blessure de la fin de l'enfance est une blessure que je porterai toujours béante en moi», disait Djaout en 1991. Des propos que gardent toujours en mémoire les présents à la librairie Bouchene, au lendemain de la sortie du roman Les Vigiles. L'autre volet de la vie de l'enfant d'Oulkhou, abordé par Hammoudi, est le déplacement, à Alger après l'indépendance, de la famille du journaliste assassiné. La scolarité de Tahar a été évoquée également dans la même publication. L'auteur met aussi l'accent sur l'inscription du futur poète au CEG (Collège d'enseignement général) du boulevard de la Victoire, et puis son passage à l'actuel Lycée Okba de la capitale où le jeune lycéen s'est alors distingué de fort belle manière. Elève prodige et surdoué surtout dans les mathématiques, Djaout sort en tête de classement des reçus au Baccalauréat. Il accède ainsi à la faculté des sciences à Alger, note le même livre qui a rappelé également les rencontres des poètes au restaurant universitaire Amirouche aux débuts des années 70. Cela avant d'intégrer la rédaction d'El Moudjahid en 1975 comme pigiste et de se faire publier ensuite dans les hebdomadaires Algérie Actualité et Révolution Africaine, explique le même ouvrage qui cite en outre des personnalités du monde culturel que côtoyait Tahar Djaout, à l'image de Rachid Mimouni, Mouloud Mammeri et Tahar Oussedik. Le livre revient aussi sur l'amitié de Djaout avec ses collègues et confrères journalistes, comme Arezki Metref, Nadjib Stambouli, Ameziane Ferhani, Ahmed Benallem, Ahmed Halli, Omar Belhouchet et Abdelkrim Djâad. Ce dernier deviendra directeur de la rédaction du journal Ruptures, un hebdomadaire lancé par Djaout, quelques mois seulement avant son assassinat par les hordes intégristes, le 26 mai 1993. L'ouvrage est également appuyé par des photos des rencontres de l'écrivain lors des poésiades de Bejaia et la conférence animée à la maison de la culture de Tizi Ouzou en 1992, entre autres. «Tahar Djaout, un talent cisaillé» est, en somme, un document qui immortalise l'itinéraire d'un homme qui a marqué de son empreinte l'histoire de la littérature algérienne d'expression française.