Arrivé avant-hier pour une visite de deux jours, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a sillonné les venelles de La Casbah. Accompagné de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, ainsi que par d'autres ministres, M. Erdogan a entamé sa visite au palais du Dey renommé par le fameux incident de l'éventail. Immobilisé au pied du palais séculaire présentant des signes de décrépitude, l'hôte officiel ne pouvait dissimuler son désappointement au moment où il a constaté les effets des opérations de rafistolage effectuées pour tenter de sauver l'édifice historique. En dépit d'une restauration qui est en cours, le palais présente l'aspect d'un vestige. Pourtant, l'Etat turc a proposé une aide conséquente pour assurer une véritable réhabilitation. Or, quelle aurait été la réaction du Premier ministre turc s'il avait été conduit à Hussein Dey pour visiter une résidence secondaire du Dey, située au sein du lycée Etaâlibiya ? Ce palais, faut-il le rappeler, est également dans un état de délabrement inquiétant. Bien qu'il ait une part considérable dans la mémoire collective, l'édifice a été livré toute honte bue aux affres du temps. Les différentes opérations menées pour restaurer cette structure n'ont pas donné, pour le moins qu'on puisse dire, les résultats escomptés. Quelle aurait été l'attitude de M. Erdogan si on avait changé l'itinéraire pour qu'il puisse se rendre au Carroubier, afin de voir la résidence de la fille du dernier Dey de la régence d'Alger, transformée contre toute attente, en supérette ?