La Déclaration du 1er Novembre 1954 et le déclenchement de la guerre de Libération nationale étaient le couronnement de la lutte intellectuelle et politique du peuple algérien contre le colonialisme français depuis 1830, a souligné mercredi l'historien Bachir Medini. Lors d'une conférence organisée au Centre culturel islamique (Alger), sur les origines politiques et historiques du mouvement national, le docteur Medini a indiqué que la Déclaration du 1er Novembre a transformé 124 années de lutte intellectuelle et politique contre le colonialisme en lutte militaire pour le recouvrement de la liberté. Il a rappelé que le mouvement national a initialement débuté par une résistance intellectuelle en 1912, suivie par un mouvement politique marqué par l'idée «d'autonomie» formulée pour la première fois en 1927 par le militant Ahmed Messali Hadj, à travers l'Etoile nord-africaine jusqu'à la déclaration de la guerre de Libération nationale le 1er novembre 1954. Il a souligné que l'idée de rédiger le document du 1er Novembre pour annoncer le début de la lutte armée a germé en 1945, lorsque le mouvement national a pris conscience qu'il fallait passer à la lutte militaire. Il a ajouté que depuis la formation de l'Organisation spéciale (OS) en février 1947, ses fondateurs ont entamé l'élaboration de la Déclaration du 1er Novembre. L'historien a illustré ses propos par ce qui a été rapporté dans le livre du militant Aïssa Kechida, en tant que témoin oculaire, sur la rédaction de la Déclaration du 1er Novembre, indiquant que l'auteur a cité les noms de cinq personnalités qui ont participé à la rédaction du document, dont Mohamed Boudiaf, Didouche Mourad et Mohamed Laïchaoui. Selon lui, Mohamed Laïchaoui (journaliste) avait rédigé le document avec un style soutenu en français, avant sa traduction en arabe, soulignant que l'objectif (du document) était «d'informer l'opinion publique, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, du début de l'action armée contre l'occupant français». L'historien a, par ailleurs, attiré l'attention sur le fait qu'il existait deux Déclarations de la glorieuse Révolution, la première est celle du 1er Novembre en 1100 exemplaires et la deuxième est celle du peuple algérien (2300 exemplaires). De son côté, l'universitaire Daho Djerbal a déclaré à l'APS que «la Déclaration du 1er Novembre a mis en place les principes qui devraient conduire à l'élaboration de ces fondements et les conditions pour mener la lutte pour la libération du pays», a-t-il ajouté. Contrairement à de nombreux historiens et chercheurs qui considèrent que la Proclamation du 1er Novembre a jeté les «fondements» d'un Etat algérien, Daho Djerbal est d'avis que le projet d'indépendance du pays devait, par la suite, être fondé sur le plan institutionnel, d'où la formation d'un Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). «Il s'agissait alors de savoir si ce serait une monarchie, une république ou une fédération maghrébine et le GPRA constituait déjà un élément institutionnel et c'est la plate-forme de Tripoli qui allait mettre en place le fondement», a-t-il rappelé. Il a souligné, à ce propos, que pour les dirigeants de l'époque, il était question de préciser «quelles sont les options fondamentales de l'Etat indépendant algérien et sur quelles bases politiques, économiques et sociales devait-il être fondé ?». «C'est l'Assemblée constituante de septembre 1962 qui représente les fondements juridiques, institutionnels et constitutionnels», a-t-il relevé, affirmant que «tout cela (fondements de l'Etat algérien) ne pouvait donc pas être contenu dans la seule Déclaration de Novembre 1954».