L'appel du 1er Novembre 1954 est perçu par les historiens comme le document politique « essentiel » de la Révolution algérienne, a souligné hier le Pr Zeghidi Mohamed Lahcen, spécialiste de l'histoire de la Guerre de libération nationale. Le Pr Zeghidi, qui intervenait à la première édition du Forum de la mémoire, organisée par l'Association Machaâl Ech-chahid en collaboration avec le quotidien national El Moudjahid, a mis l'accent sur l'importance de l'appel du 1er Novembre, en tant que « document politique essentiel et fondamental de la Révolution algérienne » et parmi les plus étudiés par les historiens. Il s'agit d'un texte ayant repris l'« essentiel » de la littérature du mouvement national depuis la création de l'Etoile Nord-Africaine, a observé l'historien. « Le document rédigé par le journaliste et chahid de la cause nationale, Mohamed Laïchaoui, sous la dictée de Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf, a été au centre de longues réunions du Comité des six », a-t-il ajouté « Il avait rédigé l'appel du 1er Novembre dans la boutique du militant Aïssa Kechida à Alger, avant qu'il ne rencontre, grâce à Didouche, Boudiaf et Bitat, celui qui deviendra, des années plus tard, le responsable de la logistique de la Révolution, après un bref passage à la tête de la wilaya IV historique, à savoir le colonel Amar Ouamrane », a encore affirmé M. Abbès. C'est au domicile des Zamoum à Ighil Imoula, village situé en Grande Kabylie, que Laïchaoui avait achevé le tirage de l'appel, a-t-il précisé. Il a rappelé ensuite les conditions ayant entouré l'arrestation de Laïchaoui, le 16 novembre 1954 à Alger, la torture qu'il avait subie et sa condamnation à 18 mois de prison ferme, avant qu'il ne rejoigne le maquis de la wilaya IV et ne participe à la rédaction de la publication « La Guérilla », lancée par Boualem Oussedik, Arselane Hamidi, Chouker et d'autres. Par la suite, l'historien a retracé son parcours et dira que « selon des témoignage récoltés, l'homme était très curieux, depuis sa naissance en 1921 dans la wilaya de Boumerdès, il avait l'esprit du nationalisme ». L'historien a mis en évidence son apport pour l'éveil de sa génération dans la lutte contre le colonialisme et leur recrutement dans les rangs du PPA-MTLD et l'OS. L'intervenant a retracé également son parcours dans les prisons et ses déplacements à travers les wilayas du centre. M. Mohamed Abbès a également mis en valeur sa quote-part dans la parution du journal « La Guérilla » jusqu'à sa mort en 1959 dans la région d'El Mniâa. Le conférencier a également rendu hommage à la famille Zamoum. Il dira que « Salah, Ali et Ferhat ont beaucoup donné pour la révolution algérienne ». L'intervenant a parlé de la scolarisation de Salah, sans heurts à l'école primaire. « L'environnement où il a grandi lui permit d'acquérir un bon niveau d'instruction, pour l'époque de la Révolution. Son village natal Ighil Imoula était le berceau de la résistance et ce fut à bon escient qu'il fut choisi par les responsables de l'époque pour se concerter et rédiger la proclamation du 1er Novembre 1954 », a-t-il souligné. Par ailleurs, le Pr Zeghidi a décortiqué l'appel adressé par le secrétariat général du Front de libération nationale au peuple algérien le 1er Novembre 1954. Il a déclaré que cet appel, qui fut pourtant court, se caractérise par sa précision et s'adresse à l'élite nationale. Pour lui, l'appel a plusieurs dimensions qui peuvent servir même de nos jours. Il commence par la dimension populaire : « l'appel débute par peuple algérien et finit par Algérien ! Nous t'invitons à méditer notre charte ci-dessus ». L'appel se dit également avoir la dimension militante et opérationnelle. « La charte du 1er Novembre incite les militants à aller dans le sens du patriotisme et d'action sur le terrain », a-t-il soutenu. Les dimensions religieuse et magrébine se manifestent dans « l'appel ». « Les événements du Maroc et de Tunisie sont à ce sujet significatifs et marquent profondément le processus de la lutte de libération de l'Afrique du Nord », peut-on lire dans l'appel. M. Zeghidi a affirmé que la terminologie utilisée dans l'écriture de l'appel fut inspirée des fondements de l'Islam. Cette charte se caractérise aussi d'une dimension démocratique puisqu'elle s'adresse au peuple algérien comme elle se détermine dans les grandeurs universelles et humanitaires. Le conférencier a insisté sur la dimension pacifiste du combat. « Les rédacteurs de l'appel n'ont en aucun cas utilisé les verbe tuer ou torturer, ils sont intelligents, ils ont envoyé des messages pacifistes pour démontrer aux peuples du monde entier qu'ils ne demandent que leurs droits », a-t-il souligné. L'appel du 1er Novembre possède également des dimensions culturelle et médiatique.