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Des historiens revisitent l'histoire de la guerre de Libération nationale
Ils estiment nécessaire de clarifier certaines "questions"
Publié dans Le Midi Libre le 02 - 11 - 2013

En ce jour du 1er Novembre 1954, le peuple algérien a décidé de prendre ses destinées en main. Il y a 59 ans de cela que fut proclamée la déclaration de Novembre 1954 qui a donné le déclenchement de la Lutte armée par le peuple pour recouvrer son indépendance qui s'est concrétisée le 5 juillet 1962, après 132 ans d'une occupation barbare du colonialisme français qui « chantait » à qui voulait l'entendre que l'Etat algérien n'existait pas.
En ce jour du 1er Novembre 1954, le peuple algérien a décidé de prendre ses destinées en main. Il y a 59 ans de cela que fut proclamée la déclaration de Novembre 1954 qui a donné le déclenchement de la Lutte armée par le peuple pour recouvrer son indépendance qui s'est concrétisée le 5 juillet 1962, après 132 ans d'une occupation barbare du colonialisme français qui « chantait » à qui voulait l'entendre que l'Etat algérien n'existait pas.
Grosse erreur historique que d'affirmer cette contre-vérité. Une erreur corrigée par des soulèvements populaires durant toute la période de l'occupation coloniale et qui ont eu pour apogée le déclenchement de la révolution armée de Novembre 1954.
Des faits, des dates, aussi loin que peut remonter la mémoire, sont là pour affirmer l'existence d'un Etat algérien. L'existence d'un Etat algérien avec toutes ses composantes avant l'occupation française « est une vérité historique établie et étayée par des preuves et documents authentifiés », a affirmé mercredi le directeur général des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi qui intervenait lors du forum de la Sûreté nationale.
Le directeur général des Archives nationales, a soutenu que l'occupation française de l'Algérie en 1830 constituait « une agression d'un Etat contre un autre, car l'Algérie était à l'époque un Etat avec toutes ses composantes contrairement aux assertions de la France ».
Pour preuve, Abdelmadjid Chikhi citera la centaine de conventions et accords conclus par l'Algérie de 1600 à 1830 avec de grands pays tels la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Allemagne dont 79 avec la France, estimant que ces accords constituaient « une preuve légale que l'Algérie était, à l'époque, un Etat souverain ».
Il fera savoir que la thèse selon laquelle l'Algérie était « une simple régence relevant de l'empire ottoman est dénuée de tout fondement », précisant que « l'Algérie s'était annexée à l'empire ottoman à sa demande, en témoigne un document historique qui existe encore».
Selon le Dg des Archives nationales, « l'Algérie était le seul pays à avoir demandé à être annexée à l'empire ottoman de sa propre initiative, pour être associée à la politique ottomane régissant la Méditerranée face aux offensives menées par l'empire byzantin contre les pays musulmans ».
Une demande qui fut accueillie favorablement par la Sublime porte (Direction de l'empire ottoman à Istanbul du fait que l'annexion de l'Algérie allait faire office de « base avant » face à l'expansionnisme chrétien. M. Chikhi, a par ailleurs, mis l'accent sur la politique colonialiste adoptée par la France en Algérie et « dont la barbarie et la cruauté furent sans égales, car s'appuyant sur l'extermination de la population et la destruction des fondements de l'Etat algérien ».
Une barbarie que payeront plusieurs milliers d'Algériens qui furent tués entre 1830 et 1860, selon Abdelmadjid Chikhi qui précise que l'Algérie comptait à l'époque 10 millions d'habitants, des statistiques attestées par des historiens.
Il a, également, rappelé l'élimination par la France des personnes instruites en vue de propager l'ignorance, sachant qu'à l'époque 80% des Algériens savaient lire et écrire contre 80% d'illettrés en France. Sur le même registre, l'historien et directeur de la revue Naqd, Daho Djerbal a affirmé que la proclamation du 1er Novembre a énoncé les principes de l'Etat algérien et n'avait pas pour « projet » d'en mettre en place les fondements.
Dans un entretien accordé à l'APS, la veille de la commémoration du 59e anniversaire du déclenchement de la révolution armée, il a soutenu que « la proclamation du 1er novembre 1954 n'avait pas pour objectif et projet de mettre en place les fondements de l'Etat indépendant mais n'en a fait que référence.
Ce sont les principes qui ont été énoncés et non pas les fondements institutionnels, constitutionnels et politiques de l'Etat algérien". Selon l'historien, « la Déclaration du 1er Novembre a mis en place les principes qui devraient conduire à l'élaboration de ces fondements et les conditions pour mener la lutte pour la libération du pays ».
Contrairement à de nombreux historiens et chercheurs qui considèrent que la proclamation du 1er novembre a jeté les « fondements » d'un Etat algérien, Daho Djerbal, est d'avis que le projet d'indépendance du pays devait, par la suite, être fondé sur le plan institutionnel, d'où la formation d'un gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
« Il s'agissait alors de savoir si ce serait une monarchie, une république ou une fédération maghrébine et le GPRA constituait déjà un élément institutionnel et c'est la plate-forme de Tripoli qui allait mettre en place le fondement», a-t-il rappelé, soulignant à ce propos, que pour les dirigeants de l'époque il était question de préciser « quelles sont les options fondamentales de l'Etat indépendant algérien et sur quelles bases politiques, économiques et sociales devait-il être fondé ».
Il relève que « c'est l'Assemblée constituante de septembre 1962 qui représente les fondements juridiques, institutionnels et constitutionnels », affirmant que « tout cela (Fondements de l'Etat algérien) ne pouvait donc pas être contenu dans la seule Déclaration de novembre 1954 ».
Evoquant la question de la participation du mouvement national algérien aux élections pour les Assemblées française et algérienne durant la colonisation, Daho Djerbal a noté que «la création de l'Organisation spéciale puis du Front de libération nationale n'a été que l'aboutissement d'un processus qui va se concrétiser en 1947 avec la création par le Parti du peuple algérien du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en vue de participer aux élections ».
Il explique qu'il s'agissait de mettre à « profit » ces élections pour faire la « propagande de l'idée d'indépendance » qui n'était pas partagée par d'autres organisations dont l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), qui ne luttaient pas pour une indépendance « totale » de l'Algérie.
Pour autant, Daho Djerbal estime nécessaire de clarifier cette question. Il note que
« le Manifeste du Peule algérien de 1943 parlait de la participation algérienne au gouvernement de leur pays et non pas d'indépendance et cela personne ne le relève ».
L'historien a souligné, à ce propos, que les militants du PPA qui ont rejoint les « Amis du manifeste des Libertés » et qui ont pris part aux manifestations du 8 Mai 1945 ne l'ont, en revanche, pas fait pour « exiger une indépendance partielle, une autonomie ou un gouvernement provisoire mais une séparation de l'Algérie de la France avec un gouvernement et une souveraineté algériens ».
D'où leur participation au processus électoral, a-t-il dit, pour « légitimer » une large représentation et leurs revendications d'indépendance qui devaient être « l'expression » même de la «volonté» du peuple algérien.
Des questions aussi restent à clarifier. Des écrits sur la Révolution, tentent d'y répondre. Mais c'est une « contribution plus au moins importante mais inégale à l'écriture de l'histoire » car écrire l'histoire est un « travail spécialisé avec de différentes modalités, réservé à des professionnels », a insisté Daho Djerbal qui précise, toutefois, que l'écriture sur l'histoire ne doit pas être perçue comme un domaine réservé aux historiens, car « tout le monde a le droit d'écrire et de contribuer comme il l'entend à la connaissance d'un évènement ».
Cependant, la contribution de ces livres témoignages, qui proposent, selon cet historien, au large public des informations dont « la véracité est à vérifier » car « une information n'est pas forcément un savoir», reste une contribution « relative » à l'esprit d'analyse et de critique qui forme un des principes fondamentaux du travail du chercheur en histoire.
Dans le même contexte, l'historien et universitaire, Mohamed El-Korso, estime que ces livres « contribuent à apporter un éclairage sur l'histoire de la guerre de Libération nationale sur un angle bien déterminé » et peuvent aider la recherche historique qui est « dirigée par une méthodologie bien claire et basée sur une approche critique de documents écrits et oraux », a-t-il rappelé.
Relevant une « manipulation » dans l'écriture de l'histoire sur certains faits ainsi que l'existence de « zones d'ombre » dans certains chapitres de l'histoire de la guerre de Libération nationale, Mohamed El-Korso a estimé que les histoires personnelles vécues par des acteurs de la Révolution « peuvent représenter un outil de recherche pour les chercheurs en histoire même s'ils contiennent des éléments subjectifs ».
Grosse erreur historique que d'affirmer cette contre-vérité. Une erreur corrigée par des soulèvements populaires durant toute la période de l'occupation coloniale et qui ont eu pour apogée le déclenchement de la révolution armée de Novembre 1954.
Des faits, des dates, aussi loin que peut remonter la mémoire, sont là pour affirmer l'existence d'un Etat algérien. L'existence d'un Etat algérien avec toutes ses composantes avant l'occupation française « est une vérité historique établie et étayée par des preuves et documents authentifiés », a affirmé mercredi le directeur général des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi qui intervenait lors du forum de la Sûreté nationale.
Le directeur général des Archives nationales, a soutenu que l'occupation française de l'Algérie en 1830 constituait « une agression d'un Etat contre un autre, car l'Algérie était à l'époque un Etat avec toutes ses composantes contrairement aux assertions de la France ».
Pour preuve, Abdelmadjid Chikhi citera la centaine de conventions et accords conclus par l'Algérie de 1600 à 1830 avec de grands pays tels la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Allemagne dont 79 avec la France, estimant que ces accords constituaient « une preuve légale que l'Algérie était, à l'époque, un Etat souverain ».
Il fera savoir que la thèse selon laquelle l'Algérie était « une simple régence relevant de l'empire ottoman est dénuée de tout fondement », précisant que « l'Algérie s'était annexée à l'empire ottoman à sa demande, en témoigne un document historique qui existe encore».
Selon le Dg des Archives nationales, « l'Algérie était le seul pays à avoir demandé à être annexée à l'empire ottoman de sa propre initiative, pour être associée à la politique ottomane régissant la Méditerranée face aux offensives menées par l'empire byzantin contre les pays musulmans ».
Une demande qui fut accueillie favorablement par la Sublime porte (Direction de l'empire ottoman à Istanbul du fait que l'annexion de l'Algérie allait faire office de « base avant » face à l'expansionnisme chrétien. M. Chikhi, a par ailleurs, mis l'accent sur la politique colonialiste adoptée par la France en Algérie et « dont la barbarie et la cruauté furent sans égales, car s'appuyant sur l'extermination de la population et la destruction des fondements de l'Etat algérien ».
Une barbarie que payeront plusieurs milliers d'Algériens qui furent tués entre 1830 et 1860, selon Abdelmadjid Chikhi qui précise que l'Algérie comptait à l'époque 10 millions d'habitants, des statistiques attestées par des historiens.
Il a, également, rappelé l'élimination par la France des personnes instruites en vue de propager l'ignorance, sachant qu'à l'époque 80% des Algériens savaient lire et écrire contre 80% d'illettrés en France. Sur le même registre, l'historien et directeur de la revue Naqd, Daho Djerbal a affirmé que la proclamation du 1er Novembre a énoncé les principes de l'Etat algérien et n'avait pas pour « projet » d'en mettre en place les fondements.
Dans un entretien accordé à l'APS, la veille de la commémoration du 59e anniversaire du déclenchement de la révolution armée, il a soutenu que « la proclamation du 1er novembre 1954 n'avait pas pour objectif et projet de mettre en place les fondements de l'Etat indépendant mais n'en a fait que référence.
Ce sont les principes qui ont été énoncés et non pas les fondements institutionnels, constitutionnels et politiques de l'Etat algérien". Selon l'historien, « la Déclaration du 1er Novembre a mis en place les principes qui devraient conduire à l'élaboration de ces fondements et les conditions pour mener la lutte pour la libération du pays ».
Contrairement à de nombreux historiens et chercheurs qui considèrent que la proclamation du 1er novembre a jeté les « fondements » d'un Etat algérien, Daho Djerbal, est d'avis que le projet d'indépendance du pays devait, par la suite, être fondé sur le plan institutionnel, d'où la formation d'un gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
« Il s'agissait alors de savoir si ce serait une monarchie, une république ou une fédération maghrébine et le GPRA constituait déjà un élément institutionnel et c'est la plate-forme de Tripoli qui allait mettre en place le fondement», a-t-il rappelé, soulignant à ce propos, que pour les dirigeants de l'époque il était question de préciser « quelles sont les options fondamentales de l'Etat indépendant algérien et sur quelles bases politiques, économiques et sociales devait-il être fondé ».
Il relève que « c'est l'Assemblée constituante de septembre 1962 qui représente les fondements juridiques, institutionnels et constitutionnels », affirmant que « tout cela (Fondements de l'Etat algérien) ne pouvait donc pas être contenu dans la seule Déclaration de novembre 1954 ».
Evoquant la question de la participation du mouvement national algérien aux élections pour les Assemblées française et algérienne durant la colonisation, Daho Djerbal a noté que «la création de l'Organisation spéciale puis du Front de libération nationale n'a été que l'aboutissement d'un processus qui va se concrétiser en 1947 avec la création par le Parti du peuple algérien du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en vue de participer aux élections ».
Il explique qu'il s'agissait de mettre à « profit » ces élections pour faire la « propagande de l'idée d'indépendance » qui n'était pas partagée par d'autres organisations dont l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), qui ne luttaient pas pour une indépendance « totale » de l'Algérie.
Pour autant, Daho Djerbal estime nécessaire de clarifier cette question. Il note que
« le Manifeste du Peule algérien de 1943 parlait de la participation algérienne au gouvernement de leur pays et non pas d'indépendance et cela personne ne le relève ».
L'historien a souligné, à ce propos, que les militants du PPA qui ont rejoint les « Amis du manifeste des Libertés » et qui ont pris part aux manifestations du 8 Mai 1945 ne l'ont, en revanche, pas fait pour « exiger une indépendance partielle, une autonomie ou un gouvernement provisoire mais une séparation de l'Algérie de la France avec un gouvernement et une souveraineté algériens ».
D'où leur participation au processus électoral, a-t-il dit, pour « légitimer » une large représentation et leurs revendications d'indépendance qui devaient être « l'expression » même de la «volonté» du peuple algérien.
Des questions aussi restent à clarifier. Des écrits sur la Révolution, tentent d'y répondre. Mais c'est une « contribution plus au moins importante mais inégale à l'écriture de l'histoire » car écrire l'histoire est un « travail spécialisé avec de différentes modalités, réservé à des professionnels », a insisté Daho Djerbal qui précise, toutefois, que l'écriture sur l'histoire ne doit pas être perçue comme un domaine réservé aux historiens, car « tout le monde a le droit d'écrire et de contribuer comme il l'entend à la connaissance d'un évènement ».
Cependant, la contribution de ces livres témoignages, qui proposent, selon cet historien, au large public des informations dont « la véracité est à vérifier » car « une information n'est pas forcément un savoir», reste une contribution « relative » à l'esprit d'analyse et de critique qui forme un des principes fondamentaux du travail du chercheur en histoire.
Dans le même contexte, l'historien et universitaire, Mohamed El-Korso, estime que ces livres « contribuent à apporter un éclairage sur l'histoire de la guerre de Libération nationale sur un angle bien déterminé » et peuvent aider la recherche historique qui est « dirigée par une méthodologie bien claire et basée sur une approche critique de documents écrits et oraux », a-t-il rappelé.
Relevant une « manipulation » dans l'écriture de l'histoire sur certains faits ainsi que l'existence de « zones d'ombre » dans certains chapitres de l'histoire de la guerre de Libération nationale, Mohamed El-Korso a estimé que les histoires personnelles vécues par des acteurs de la Révolution « peuvent représenter un outil de recherche pour les chercheurs en histoire même s'ils contiennent des éléments subjectifs ».


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