Les islamistes algériens sont indésirables en Tunisie et les jeunes barbus sont systématiquement refoulés par les polices des frontières algérienne et tunisienne. Même les islamistes tunisiens de moins de 35 ans sont concernés par cette mesure aux postes-frontières tunisiens avec l'Algérie. C'est ce qu'a révélé hier, à El Watan Week-end, une source de la police des frontières (PAF) au poste d'Oum Tboul (El Tarf). «Les troubles sécuritaires que connait actuellement la Tunisie accentuent la pression sur la région frontalière de l'Est algérien, poussant l'Etat tunisien, en concertation avec l'Algérie, à appliquer cette mesure de limitation de la circulation des islamistes algériens vers la Tunisie et vice versa», confirme une source douanière au poste-frontière d'El Ayoun (El Tarf). En effet, des nombreux cas édifiants de refoulement de voyageurs islamistes ont été enregistrés ces derniers jours aux postes d'El Ayoun et d'Oum Tboul (El Tarf), avons-nous constaté sur place. Selon nos sources de l'autre côté de la frontière qui affirment avoir reçu des instructions sur injonction des services de sécurité tunisiens, «cette mesure était décrétée par l'ex-président déchu Zine El Abidine Ben Ali durant la décennie noire qu'avait vécue l'Algérie. L'accès au pouvoir des islamistes d'Ennahdha a fait annuler cette mesure avant de revenir sur leur décision sous la pression des services de sécurité tunisiens». Lundi dernier, le porte-parole du ministère de la Défense nationale tunisien, le colonel-major Taoufik Rahmouni, a déclaré à l'agence TAP que «toute personne se trouvant sur une zone d'opérations militaires (frontières avec l'Algérie) est tenue d'obtempérer aux injonctions des patrouilles. Elle doit s'arrêter et se soumettre à la fouille, si nécessaire». Du côté algérien, un ordre a été donné pour renforcer et durcir les contrôles des personnes et des biens, où chaque individu ou moyen de locomotion en déplacement sur un rayon de 30 km par rapport aux frontières tunisiennes subira systématiquement un contrôle. Applicable depuis déjà une dizaine de jours, cette interdiction est décidée, expliquent les mêmes sources, par mesure préventive, de peur que des islamistes algériens soient enrôlés dans les rangs des terroristes tunisiens, notamment après la recrudescence des actes terroristes par des groupes armés d'Ançar charia. A plusieurs reprises, les autorités tunisiennes avaient évoqué la présence de terroristes algériens parmi les groupes armés tunisiens. Le 30 août dernier, le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, avait déclaré à la chaîne de télévision tunisienne Al Wataniya 1 que «les chefs du groupe armé terroriste du djebel Chaambi sont des Algériens et celui qui a égorgé nos huit soldats au Chaambi n'est autre que l'un des chefs terroristes algériens, un certain ‘‘Yahya'', en collaboration avec le terroriste tunisien Kamel Gadhgadhi, principal accusé dans l'assassinat du Chokri Belaïd». L'Algérie, qui n'a jamais nié cette thèse, a même collaboré avec la Tunisie en fournissant la liste des terroristes algériens recherchés et soupçonnés d'être en activité en Tunisie. Mieux encore, une liste de terroristes tunisiens activant en Algérie a été également remise par les services de sécurité algériens.