Actuellement en désaccord avec Riyad sur le dossier syrien, les Américains tiennent à tout prix, visiblement, à sortir au plus vite de la crise leurs relations avec l'Egypte afin, de toute évidence, garder intacte leur influence au Proche-Orient. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a ainsi affirmé hier que son pays était déterminé à continuer à travailler avec l'Egypte, lors de sa première visite chez le grand allié arabe des Etats-Unis depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée. M. Kerry est arrivé au Caire pour une visite de quelques heures, à la veille du procès du chef d'Etat déposé, avec pour objectif de resserrer les liens entre les Etats-Unis et l'Egypte, alliés de longue date, bousculés par le coup de force contre le premier président élu démocratiquement et la répression meurtrière de ses partisans qui a suivi. Les Américains n'avaient pas caché, se rappelle-t-on, leur opposition concernant la manière avec laquelle a été géré l'après-Morsi et le traitement réservé aux islamistes. Le mécontentement américain s'est traduit, entre autres, par le gel partiel de son aide, essentiellement militaire. Ce qui a soulevé le courroux de l'Egypte peu habituée à ce type de traitement. En octobre, le «recalibrage» de l'aide à l'Egypte – 1,5 milliard de dollars par an, dont 1,3 milliard d'aide militaire – avait en effet jeté un froid sur les relations entre les deux pays. En riposte, l'Egypte avait affirmé désormais vouloir «élargir (ses) options» pour «servir ses intérêts nationaux». Comprendre par là que Le Caire était prêt à demander de l'aide aux Russes, les concurrents des Etats-Unis dans la région. Pour calmer le jeu et éviter un tel scénario, M. Kerry a tenu à affirmer que Washington, «ami» et «partenaire» de l'Egypte, «s'engageait à travailler ensemble et à poursuivre la coopération avec le gouvernement par intérim», lors d'une conférence de presse au Caire aux côtés de son homologue égyptien Nabil Fahmy. Concrètement, cela veut tout simplement dire qu'il cautionne désormais le nouveau régime égyptien. Le chef de la diplomatie américaine a présenté, par ailleurs, au gouvernement égyptien des arguments qui pourraient convaincre le général Al Sissi, le nouvel homme fort de l'Egypte, de tourner très vite la page de la crise. Estimant que «les relations américano-égyptiennes ne peuvent être résumées à l'assistance», M. Kerry a ajouté que «l'assistance américaine directe au peuple égyptien continuerait pour aider à lutter contre le terrorisme». En somme, du côté de Washington, on est prêts, à nouveau, à ressortir le carnet de chèques. Et l'idée semble avoir fait mouche. M. Fahmy qui avait récemment qualifié de «tendues» les relations égypto-américaines a ainsi dit «croire, après les entretiens avec le secrétaire d'Etat américain, qu'il y a de bons indicateurs montrant que nous cherchons à reprendre ces relations de façon positive». Bref, entre les deux pays, les choses semblaient hier être sur le point de rentrer dans l'ordre. La preuve, M. Kerry devait même rencontrer le président par intérim, Adly Mansour, ainsi que le chef de l'armée, le général Abdel Fattah Al Sissi qui, jusque-là, avait tout fait pour éviter les responsables américains. Leurs discussions porteront entre autres sur la transition politique promise par la feuille de route rédigée par les militaires et ses avancées afin de déterminer quand «il sera possible de lever le gel (de la livraison) de certains équipements», a indiqué un haut responsable du département d'Etat. M. Kerry doit aussi plaider, a-t-il ajouté, pour que la transition – qui prévoit un référendum sur une nouvelle Constitution, actuellement en cours de rédaction, puis des élections législatives et présidentielle d'ici mi-2014 – soit «viable», «démocratique» et qu'elle «inclut toutes les parties». Il faut voir maintenant si les Egyptiens sont toujours aussi enclins à suivre à la lettre, comme par le passé, … le papier à musique américain. A préciser que la capitale égyptienne était la première étape d'une tournée de 12 jours qui doit mener M. Kerry en Arabie Saoudite, en Israël, dans les Territoires palestiniens, en Jordanie, aux Emirats arabes unis, en Algérie et au Maroc.