Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a affirmé, hier, au Caire que les Etats-Unis étaient déterminés à "continuer à travailler" avec le gouvernement par intérim en Egypte, appelant à des élections "libres et justes, incluant tout le monde". Il s'agit de la première visite au Caire du responsable américain depuis la destitution par l'armée le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi, dont les partisans font désormais l'objet d'une violente répression. L'armée, qui a installé de nouvelles autorités, a promis des élections législatives et présidentielle d'ici mi-2014. "Nous nous engageons à travailler ensemble et à poursuivre notre coopération avec le gouvernement par intérim", a affirmé M. Kerry lors d'une conférence de presse au Caire aux côtés de son homologue égyptien Nabil Fahmy. "Nous avons de nombreux sujets sur lesquels on doit travailler et le ministre (Fahmy) et moi avons discuté ce matin en toute franchise des questions et des défis auxquels nous faisons face ensemble", a-t-il ajouté. Il a en outre affirmé vouloir dire aux Egyptiens "aussi fortement et dans les termes les plus clairs que les Etats-Unis sont les amis des Egyptiens et de l'Egypte et que nous sommes un partenaire". Revenant sur le gel partiel récent de l'aide américaine — 1,5 milliard de dollars par an dont 1,3 milliard d'aide militaire —, il a estimé que "les relations américano-égyptiennes ne peuvent être résumées à l'assistance", ajoutant que "l'aide américaine directe au peuple égyptien continuerait pour aider à lutter contre le terrorisme". M. Kerry est arrivé au Caire à la mi-journée, à la veille de l'ouverture du procès du chef d'Etat déposé, avec pour objectif de resserrer les liens entre Washington et l'Egypte, alliée de longue date, bousculés par le coup de force contre le premier président élu démocratiquement et la répression meurtrière de ses partisans qui a suivi. Aucun des deux responsables n'a toutefois évoqué ce procès dans lequel le président destitué comparaît avec 14 coaccusés pour la mort de sept manifestants devant son palais présidentiel en décembre 2012. M. Kerry a encore estimé que "le partenariat américano-égyptien sera encore plus fort quand l'Egypte sera représenté par un gouvernement démocratiquement élu". Alors que plus d'un millier de personnes — en majorité des manifestants pro-Morsi — ont été tuées et quelque 2000 islamistes arrêtés depuis la destitution de M. Morsi et les violences qui ont suivi, M. Kerry a affirmé que "personne ne devrait être autorisé à recourir à la violence en toute impunité", condamnant attentats et affrontements qui ont récemment ensanglanté le pays. De son côté, M. Fahmy qui avait récemment qualifié de "tendues" les relations égypto-américaines a dit "croire après (les) entretiens avec le secrétaire d'Etat américain qu'il y a de bons indicateurs montrant que nous cherchons à reprendre ces relations de façon positive". Les Etats-Unis ont soutenu durant ses trois décennies de présidence le prédécesseur de M. Morsi — Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire début 2011— faisant du plus peuplé des pays arabe un allié de poids pour tenter de maintenir la stabilité dans la région. En octobre, le "recalibrage" de l'aide à l'Egypte a jeté un froid dans les relations entre les deux pays. L'Egypte affirme désormais vouloir "élargir (ses) options" pour "servir (ses) intérêts nationaux", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelaty. R. I./Agences Nom Adresse email