En dépit du mauvais temps, une foule nombreuse s'est déplacée, vendredi soir, au Théâtre national d'Alger, pour assister à la soirée protocolaire du lancement de la cinquième édition du Festival culturel international de la danse contemporaine. En effet, un monde fou s'est bousculé au portillon du Théâtre national d'Alger. L'assistance était telle que certains ont assisté à la soirée debout. C'est dire que ce festival est devenu un rendez-vous incontournable pour les Algériens. Etaient présents à cette ouverture la ministre de la Culture, Khalida Toumi, la chef de cabinet Zahia Yahi, Son Excellence l'ambassadeur de la République de Chine en Algérie, certains éléments du corps diplomatique accrédités en Algérie, ainsi que le tout nouveau wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. La soirée a été étrennée par une quarantaine de petites-filles, en tutus et ballerines. Pointes aux pieds, ces petits rats, dont l'âge oscille entre quatre et neuf ans, sont issus de l'école privée de danse d'El Biar. Ces futures danseuses d'opéra ont présenté un mini spectacle intitulé «Les cygnes blancs». Cette performance s'est caractérisée par des gestes des plus gracieux, rehaussés par la musique sublime de Tchaïkovski. La directrice artistique de cette école de danse qui existe depuis deux ans, Mme Faïza Mameri, estime que la danse contemporaine est axée avant tout sur une base classique. Place ensuite au protocole avec une brève intervention du commissaire du Festival culturel international de musique contemporaine, Mme Barka Kaddouri. Dans un discours des plus expéditifs - timimg oblige - la commissaire a tenu à remercier le ministère de la Culture pour l'apport financier et logistique mis à la disposition du Festival. Une aide appréciable qui a permis au festival de se pérenniser dans le temps, signant ainsi sa cinquième édition. Quelques minutes plus tard, la projection d'un film documentaire de sept minutes renseigne sur le riche parcours du ballet de l'ONCI, créé durant la décennie noire, en 1996 plus exactement. Le rideau se lève une deuxième fois sous une lumière tamisée. Au loin, on reconnaît les performants danseurs de l'ensemble des arts populaires de l'Office national de la culture et de l'information. Un spectacle époustouflant intitulé «Les ponts» est à l'honneur. Quatre filles et quatre garçons prouvent en une fraction de seconde que la scène n'a aucun secret pour eux. Grâce à des mouvements élancés, synchronisés, les danseurs ont offert quatre tableaux successifs. La trame de l'histoire revient sur le parcours d'un sans domicile fixe. Ce dernier a élu domicile sous un pont. Il se lance dans un miroitement de gestes jusqu'à atteindre la phase du sommeil. Au lever du jour, le pont s'anime de passants. A la tombée de la nuit, le personnage principal retourne à sa solitude. A travers une gestuelle significative, plus d'un comprennent que ce refuge provisoire est le lieu de rencontre de tous les jeunes désœuvrés. Une jeune fille tente même de se suicider, mais en vain. Elle est sauvée grâce à ce SDF et aux passants. Cette histoire de déchéance se termine sur une belle journée ensoleillée, où les passants croquent leurs journées. La joie semble avoir repris ses lettres de noblesse. Il est à noter que la chorégraphie et la conception des costumes reviennent au chorégraphe qu'on ne présente plus, Abdelkader Khimda. La Chine, invitée d'honneur à cette cinquième édition, s'est illustrée par un spectacle baptisé «Tonnerre», signé par la troupe de danse contemporaine de Pékin. Dans une chorégraphie des plus brillantes, la troupe Tonnerre, qui existe depuis 2006, a présenté plusieurs tableaux à thème revendicatif. Tout un pan de l'histoire de la Chine est revisité. Six filles et six garçons évoluent dans un espace des plus lugubres, voire macabres. Si au début ils déambulent dans le néant, le glas de la révolution semble les appeler. Ils changent dès lors leurs tenues légères de «plage» pour des habits militaires pour les garçons et de kimonos pour les filles. Dans des acrobaties des plus compliquées, les danseurs s'efforcent de se battre face à un idéal. Chaque geste est révélateur d'une souffrance vécue. Le registre changeant de sonorités donne plus de repères à plus d'un. Idem pour l'éclairage, rouge pourpre, donnant plus de dramatique à la trame de l'histoire. Cette première soirée a pris fin par la remise d'une série de distinctions.