Ouverts hier à Alger, les travaux du colloque international sur la prévention en matière de sécurité se tiennent, malheureusement, à huis clos ! Les journalistes, conviés en grand nombre, n'ont eu droit qu'aux déclarations d'inauguration de cette rencontre, organisée par la Sûreté nationale et à laquelle ont pris part de nombreux professeurs des universités d'Alger, de Tunisie, du Maroc et des Emirats arabes unis et dont les recommandations «seront prises en charge» par la Sûreté nationale. Lors de son intervention, le directeur des unités républicaines de la Sûreté nationale, le contrôleur Dehimi, a rappelé que «les enjeux sécuritaires ne peuvent être relevés que lorsque toutes les catégories sociales, notamment la communauté scientifique, s'entendront sur une vision sécuritaire qui garantira la stabilité de la société». Pour lui, «la maison, l'école et la mosquée constituent des canaux pour construire la sécurité par le dialogue, la tolérance, la modération ainsi que l'amour de la patrie par l'ensemble des constituantes du pays afin (…) d'affronter toute menace idéologique quelle soit interne ou externe». Et de préciser : «Le citoyen, où qu'il soit, est le premier homme de la sécurité ; il est le moyen et le but dans le développement et la stabilité.» Pour sa part, le professeur Tahar Hadjar, recteur de l'université d'Alger, relève «l'importance des ponts qui relient l'université et les institutions sécuritaires dans le but de renforcer la coopération en matière de prévention sécuritaire et surtout pour trouver les solutions théoriques aux problèmes sécuritaires modernes auxquels font face toutes les sociétés à travers le monde». Abondant dans le même sens, le recteur de l'université islamique, le professeur Ammar Messadi, estime que «la sécurité n'est pas de la responsabilité unique de l'institution sécuritaire, elle doit être assumée par les hommes de culte, de la pensée, de la culture et de l'information», en précisant toutefois que «l'institution scientifique a une grande responsabilité parce qu'elle est la plus indiquée pour les études et les recherches dans le domaine du développement de la prévention sécuritaire ; elle est tenue de présenter des conseils, des orientations à travers des études qu'elle mène en matière de criminalité et de criminalistique. De même, les hommes de loi et de culte, les psychologues, les sociologues, les économistes et les médias doivent être conscients de l'influence de la science sur la prévention sécuritaire et ont de grandes capacités dans la mise en place de stratégies de préservation de la sécurité à travers leur connaissance des profils des criminels, leurs comportements et leurs motivations, ce qui rend leurs recherches importantes pour les institutions sécuritaires». En marge de cette ouverture officielle, le recteur de l'université d'Alger a annoncé la signature prochaine d'une convention entre l'institution qu'il dirige et la Sûreté nationale pour introduire un module consacré à la criminologie aux élèves en cycle de master. La même convention a, faut-il le rappeler, été signée avec la Gendarmerie nationale et a permis à de nombreux policiers de faire un master en criminologie. Le professeur Hadjar regrette que les travaux se tiennent à huis clos ; il a déclaré : «La Sûreté nationale reste fermée sur elle-même. Elle doit s'ouvrir sur le monde qui l'entoure. Ce colloque est une bonne initiative qu'il faudra renouveler et ouvrir à la société civile.» A signaler que d'aujourd'hui à jeudi, de nombreuses communications seront au programme de cette rencontre qui sera clôturée avec des recommandations.