«Le recours aux moyens et mécanismes que procure la science est devenu indispensable dans la lutte contre la criminalité et l'administration de la preuve pénale», a affirmé avant-hier le général-major Ahmed Bousteila, commandant de la Gendarmerie nationale. Intervenant à l'ouverture du 1er séminaire sur «l'apport de la criminalistique à la justice pénale», tenu à l'institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) de la gendarmerie, le général-major a noté que l'émergence de la mondialisation et le développement des moyens de l'information et de la communication ont agrandi les préoccupations liées aux droits et libertés des individus, ce qui est d'une importance primordiale pour les pays et les organisations chargées de la promotion des droits de l'Homme. «Cette réalité a nécessité le renforcement des outils et moyens de la justice considérée parmi les piliers principaux pour la préservation de la paix sociale, le renforcement des pays et la préservation de leur équilibre et stabilité», a expliqué le patron de la gendarmerie et de souligner, par ailleurs, que la criminalité en général et le crime organisé en particulier sont devenus de nouveaux défis pour plusieurs pays.En effet ces formes d'insécurité ne reconnaissent pas de limites géographiques et profitent davantage de la modernisation des moyens de communication «d'où la nécessité du recours aux moyens scientifiques et techniques et toutes les nouvelles technologies pour une lutte plus efficace», a-t-il estimé. Cette vision stratégique pour combattre le crime, n'est pas, faut-il le noter, à son premier pas. Plusieurs institutions de l'Etat œuvrent dans la modernisation de leurs moyens et systèmes notamment les secteurs de la sécurité et de la justice. En ce qui concerne la Gendarmerie nationale, son commandement a adopté cette stratégie depuis quelques années, et ce, par le déploiement et la mobilisation des moyens importants pour la modernisation et le renforcement des ressources humaines qualifiées et la généralisation progressive de l'utilisation des nouvelles technologies dans les différents services. Pour le général-major Bousteila, ceci permet, en outre une efficacité dans la lutte contre le crime, d'aider la justice à travers des preuves matérielles scientifiques. «Les rencontres permanentes entre les différents acteurs de la sécurité et de la justice permettent de relever et solutionner les problématiques avérées dans leur travail quotidien nécessitant l'efficacité, la coopération et le partenariat», a conclu le patron de la gendarmerie devant les présents dont le général-major Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale, le colonel Mustapha Lahbiri, directeur général de la Protection civile et des cadres de différents ministères. 20% des affaires solutionnées grâce à la criminalistique Intervenant à la même occasion, le colonel Abdelhamid Messaoudi, directeur général de l'INCC/GN, a affirmé que son institut, en service depuis 2009, contribue efficacement à la manifestation de la vérité grâce aux expertises et aux analyses scientifiques réalisées sur les traces et indices prélevés à partir des scènes de crimes. Il indique lors d'un point de presse tenu en marge du séminaire que les 31 laboratoires spécialisés sont opérationnels et ont permis la résolution de 20% des affaires traitées par la gendarmerie au cours des onze premiers mois de l'année en cours. Plus précis, il fait état de 230 affaires solutionnées en 2009, 2 367 dossiers en 2010, 5 551 en 2011 et 5 000 pour les neuf premiers mois de l'année en cours. Le DG de l'INCC/GN a, par ailleurs, fait état de 99 spécialistes parmi ses hommes admis dans la liste des experts auprès de la Cour de justice de Blida, 17 cadres enseignant au master à l'université des sciences et technologies de Bab-Ezzouar et d'autres mobilisés pour le master en criminologie à l'université d'Alger 1. Pour ce qui est des objectifs escomptés à travers le 1er séminaire de l'INCC, l'intervenant cite, entre autres, la vulgarisation de l'importance de l'emploi des sciences dans le domaine judiciaire, la mise en valeur des efforts consentis en matière de réalisation de projets structurants et de formation, faire ressortir l'importance de la scène de crime dans l'enquête judiciaire et la création d'un espace de rencontres futures et régulières afin d'améliorer la coordination entre les enquêteurs, les magistrats et les experts pour une bonne pratique pénale. Par ailleurs, le colonel Mohamed Tahar Benaâmane, chef du département de la sécurité publique et de l'emploi au commandement de la gendarmerie a indiqué que ses services ont traité près de 49 000 affaires de criminalité au cours de cette année avec un taux de résolution de 70% dont 20% avec l'apport de la criminalistique.