La position de l'Administration américaine reste aussi prudente qu'ambiguë ; elle constitue tout de même un coup de rame en arrière de sa diplomatie comparativement à son empressement affiché à la veille de la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, en avril dernier. Sur le conflit du Sahara occidental, l'Administration Obama continue d'avoir deux fers au feu. Tout en affirmant son engagement à soutenir les efforts pour trouver une solution «pacifique, durable et mutuellement acceptable», elle semble afficher sa préférence pour le plan d'autonomie marocain. Le communiqué commun sanctionnant les entretiens d'avant-hier à la Maison-Blanche entre Barack Obama et le souverain alaouite, Mohammed VI, souligne que le président américain «s'est engagé à continuer à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara. Et que conformément à la politique américaine constante durant plusieurs années, les Etats-Unis ont clairement indiqué que le plan d'autonomie présenté par le Maroc est sérieux, réaliste et crédible, et représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité». Toujours dans le chapitre consacré au Sahara occidental, Barack Obama assure que son pays «soutient le processus de négociations sous l'égide des Nations unies, y compris le travail de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, l'ambassadeur Christopher Ross». Le président Obama a exhorté les deux parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) «à travailler en vue de trouver une solution politique». Si bien que la position de l'Administration américaine reste aussi prudente qu'ambiguë ; elle constitue tout de même un coup de rame en arrière de la diplomatie américaine comparativement à son empressement affiché à la veille de la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental en avril dernier, où le département d'Etat avait agité la menace de soumettre une résolution visant à étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme. Une proposition qui avait mis la monarchie dans tous ses états. Il est utile de rappeler que les négociations entre les deux belligérants peinent à avancer en raison de l'obstination de la partie marocaine à ne pas vouloir discuter sur les trois options mises sur la table des négociations, à savoir l'autonomie, l'intégration et l'indépendance. Alors que le Front Polisario s'est montré disponible durant tous les rounds des pourparlers à négocier sur les trois options, à condition de permettre au peuple sahraoui de choisir librement dans le cadre un référendum d'autodétermination tel que le préconisent les différentes résolutions des Nations unies. C'est d'ailleurs la mission centrale dévolue à la Minurso lors de sa mise en place. Par ailleurs, le monarque alaouite, qui s'est rendu à Washington, a été quelque peu tancé par son hôte américain en mettant sur la table des discussions la question des droits de l'homme. En des termes subtilement diplomatiques, le président Obama a «salué l'engagement du roi à mettre fin aux pratiques de procès de civils devant la justice militaire», allusion aux promesses – non tenues encore – données par Rabat suite à la condamnation, au début de l'année en cours, à des peines lourdes par un tribunal militaire de 24 militants sahraouis des droits de l'homme poursuivis dans le cadre de l'affaire de Gdeim Izik à El Ayoun occupée. Il faut dire que 2013 est une année où le royaume du Maroc a été soumis à rude épreuve en raison des violations massives des droits de l'homme tant dans les territoires sahraouis occupés qu'au Maroc. Plusieurs rapports d'organisations non gouvernementales, des missions de parlementaires européens et même l'envoyé spécial de l'ONU, Christopher Ross, avaient dénoncé ces violations dont les autorités marocaines se sont rendues coupables. Le rapport de Christopher Ross avait même attiré l'attention sur les difficultés que dresse le Maroc devant le travail de la Minurso. Cela n'a pas été sans provoquer des tentions entre Washington et Rabat. Le roi du Maroc, dont le pays s'enferre dans une crise politique et économique, n'est pas seulement critiqué sur son attitude belliqueuse sur le Sahara occidental, mais également sur les atteintes aux libertés au Maroc. L'affaire du journaliste Ali Anouzla et les arrestations arbitraires des activistes du mouvement du 20 Février ont mis en difficulté le souverain alaouite. Son voyage aux Etats-Unis devait le sortir de cet enlisement. «Il n'y a pas d'enjeux énormes à attendre de cette visite. Mohammed VI devait seulement bouger pour montrer qu'il existe», a commenté Fouad Abdelmoumni, figure de l'opposition démocratique marocaine.