La réunion informelle restreinte qui s'est déroulée près de Vienne en Autriche, a pris fin mardi soir. Les deux parties ont convenu de se retrouver le plus rapidement possible. «Les pourparlers se sont déroulés dans une atmosphère d'engagement sincère, de franchise et de respect mutuel» a fait savoir Christopher Ross, visiblement satisfait du climat qui a régné au cours de cette première réunion informelle, depuis sa désignation en tant que représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental. Organisée à l'initiative du successeur de Peter Van Walsum, la rencontre qui aura duré deux jours (10 et 11 août) a eu lieu à huis clos. Elle visait à remettre en selle le processus ininterrompu de la tenue d'un référendum d'autodétermination qui puisse assurer au peuple sahraoui de pouvoir se prononcer librement sur son avenir sous l'égide de l'ONU et sur la base des différentes résolutions votées et adoptées par le Conseil de sécurité. En l'occurrence, la résolution 1871 adoptée le 30 avril 2009 qui demande aux deux parties en conflit «de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies sans conditions préalables et de bonne foi, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Elle réaffirme, en outre, son appui au SG de l'ONU et à son envoyé spécial dans le cadre de l'application des résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008) et prolonge le mandat de la Minurso, la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental jusqu'au 30 avril 2010. Le diplomate américain n'avait pas, théoriquement, l'affaire en poche, encore moins partie gagnée d'avance, puisqu'il partait avec un obstacle de taille à surmonter: le sur-place des autorités marocaines qui restent campées sur leur position d'origine. Ils proposent un plan de large autonomie qui ne tient aucun compte du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination comme le stipulent toutes les résolutions en relation avec ce dossier. Rien de plus. Une position fortement relayée et soutenue mordicus par la presse du Royaume alaouite, particulièrement ces derniers jours. «La partie marocaine négocie sous des vents favorables l'étape viennoise, parce que la déconfiture du Front Polisario ne fait que se renforcer au fil des jours surtout depuis le projet marocain d'autonomie au Sahara occidental qui a sévèrement ébranlé la démarche traditionnelle du mouvement séparatiste perçu par la communauté internationale comme un facteur de blocage systématique», avait écrit dans son édition du 10 août, le quotidien marocain Al Bayane. C'est cependant, sans compter sur l'abnégation du chevronné diplomate américain qui a pratiquement réussi à faire table rase de la maladroite sortie médiatique de son prédécesseur qui avait déclaré l'option de l'indépendance des territoires sahraouis occupés «irréaliste». La réunion informelle restreinte de Vienne a été méticuleusement préparée et précédée de deux tournées dans la région. Elles ont permis à Christopher Ross de prendre la température et d'évaluer le degré de disponibilité des Marocains et des Sahraouis quant à une reprise éventuelle des pourparlers en vue de trouver une solution politique juste au conflit du Sahara occidental sur la base de la résolution 1781.Et en ce sens, l'envoyé spécial de Ban Ki-moon pouvait compter sur un soutien de poids en la personne du président des Etats-Unis. «J'espère que Christopher Ross, un diplomate chevronné ayant une large expérience dans la région, pourra promouvoir un dialogue constructif entre les parties», a écrit Barack Obama dans une lettre adressée à Mohammed VI au début du mois de juillet. C'était quelques jours après la seconde mission de M.Ross au Maghreb. La démarche du médiateur onusien est par ailleurs appuyée par deux capitales occidentales et non des moindres. La France qui soutenait sans aucun état d'âme la proposition marocaine (voir L'Expression du 12 août) et l'Espagne, ancienne puissance occupante du Sahara occidental. «L'Espagne soutient les efforts de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, pour la tenue de réunions en vue de la consolidation de la confiance et la création d'un climat favorable au dialogue», a souligné le communiqué d'un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères. Ce qui est de bon augure pour le cinquième round de négociations qui s'annonce. «Les parties ont renouvelé leur détermination à poursuivre les négociations le plus tôt possible», a confié Christopher Ross. La date et l'endroit n'ont pas encore été communiqués. Le rendez-vous aura lieu probablement à Manhasset. A moins que, pour conjurer le sort, l'on opte pour un autre ailleurs.