«Christopher Ross est arrivé hier matin à Casablanca, venant de New York», se sont limités à déclarer les autorités marocaines citées par des médias. Jeudi, le gouvernement marocain avait publié un communiqué informant de l'arrivée cette «fin de semaine» du représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. Vendredi, dans la rubrique «Opinion» intitulée «Sahara occidental : deux propositions de solution», parue dans El Pais, Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU, avait annoncé que M. Ross entamera «probablement» sa tournée en Europe et au Maghreb dans le cadre de la recherche d'une «solution politique mutuellement acceptable qui intègre l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», par une escale le samedi 27 octobre à Madrid. Le gouvernement espagnol n'avait ni confirmé ni infirmé cette annonce. Rabat qui a décidé en mai dernier de «retirer sa confiance» au diplomate américain n´a donné aucune indication sur l'agenda de la visite de M. Ross. Les autorités marocaines sont restées également silencieuses sur les noms des personnalités marocaines que le représentant de l'ONU prévoit de rencontrer à Rabat où de source officielle on s'est refusé à dire si le représentant personnel de M. Ban Ki-moon devrait ou non se rendre à Al Ayoune, capitale du territoire sahraoui. Ce thème est tabou dans la mesure où la question du retrait de confiance est partie du rapport que M. Ross avait adressé au Conseil de sécurité de l'ONU en avril dernier pour signaler les obstacles dressés par l'administration alaouite aux activités de la Minurso, organisme de l'ONU chargé de la surveillance du cessez-le-feu au Sahara occidental. Aux yeux des observateurs experts du dossier sahraoui, M. Ross devrait se rendre dans les territoires occupés du Sahara occidental avant la prochaine escale de Tindouf. Le diplomate américain sera-t-il reçu par le Roi Mohamed VI ? Sur cette question que l'agence espagnole Efe avait posée, des membres du cabinet royal et du gouvernement Benkirane ont préféré garder le silence. Les négociations dans l'impasse depuis 1979 La tournée de M. Ross en Europe et au Maghreb entre dans le cadre de la recherche d'une «solution politique mutuellement acceptable qui intègre l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», estime le représentant du Front Polisario à New York dans «Opinion» au journal El Pais. L'objectif des Nations unies est donc de relancer le dialogue paralysé depuis mai dernier. Une mission délicate puisque ce dialogue traîne depuis plus de trois décennies. C´est ce qu'affirme le représentant du Front Polisario quand il rappelle que «le processus de négociations a commencé non pas en 2007 à Manhasset mais en 1979, date à laquelle l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté la Résolution 3437 (1979) qui ordonne au Maroc de «mettre fin à son occupation militaire du Sahara occidental et de négocier avec le Front Polisario en qualité de représentant légitime du peuple sahraoui les termes d'un cessez-le-feu et un référendum d´autodétermination». Une impasse due au fait que le Maroc continue à ce jour de poser comme condition «incontournable» à un règlement de la question sahraouie sa «souveraineté sur le Sahara occidental». Sur cette position, le Département d'Etat américain avait adressé un récent rapport au Congrès, rappelant que «l'ONU considère que c'est l'Espagne et non pas le Maroc qui est la puissance «administrant de jure du territoire sahraoui». Le département de Mme Clinton estime que la position «souverainiste» du Maroc «n'est pas acceptée par la communauté internationale», écrit M. Boukhari.