Cette “source importante de capitaux frauduleux” connaîtra le sort de “blanchiment d'argent” si rien n'est tenté pour mettre fin au transfert, a indiqué hier le porte-parole de la section Algérie de cette ONG. L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), section Algérie de Transparency International, prévient que l'argent volé par les terroristes islamistes aux commerçants et aux citoyens en général doit être géré dans le cadre de la législation nationale. “Tout ce qui est butin de guerre obéit à la loi sur la répression”, a indiqué, hier, son porte-parole, Djilali Hadjadj, lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de la Fondation Friedrich-Ebert. Cette “source importante de capitaux frauduleux” connaîtra le sort de “blanchiment d'argent” si rien n'est tenté pour mettre fin au transfert. “C'est une question qui nous intéresse”, a encore relevé l'intervenant. La publication “tardive” dans le Journal officiel n°14 de la loi du 20 février 2006 sur la prévention et à la lutte contre la corruption, a également fait l'objet d'un examen critique par AACC. “Cette loi n'a été rendue publique que ce samedi. Il y a des délais qui nous surprennent un peu”, a déclaré M. Hadjadj, en estimant que “cette loi est une sorte de deal entre ceux qui se chamaillaient”. Il a rappelé les positions de son organisation, à travers les communiqués des 5 et 25 janvier dernier, non sans indiquer que la loi de février, privée de ses ex-articles 7 et 71, “a été vidée de sa substance”. “Globalement, cette loi est très en retrait, à nos yeux, par rapport à l'esprit et à la lettre de la Convention des Nations unies, ratifiée par l'Algérie”, a relevé le conférencier, en notant que l'accès de l'information au public n'est pas consacré dans le texte. M. Hadjadj a annoncé que l'association rendra publique prochainement une étude, où seront portées ses critiques mais aussi ses propositions. Une étude qui sera soumise aux pouvoirs publics et dans laquelle sera présenté le point de vue de la section de TI sur l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLCC). Selon lui, cet organe, qui prend la place de l'Observatoire national contre la corruption, risque d'être “une institution en plus”, en raison de ce précédent en matière de “discrétion particulière”, d'absence de transparence et d'information. “Nous aurions souhaité qu'un tel organe soit ouvert au public comme mentionné dans la convention de l'ONU”, a soutenu l'auteur de Corruption et démocratie en Algérie (édition La Dispute, Paris 1999 et 2001), en plaidant pour “la réhabilitation de la Cour des comptes”. Toujours à propos de l'ONPLCC, Djilali Hadjadj révélera “la désignation” d'un magistrat, ayant fait l'objet de sanction disciplinaire. Une désignation portant préjudice à “la crédibilité de l'Algérie” et mal accueillie par l'ONG, qui compte la “dénoncer officiellement” si aucune décision n'est prise en ce sens. La lutte contre la corruption, qui commence à s'inscrire dans les mœurs algériennes, doit s'installer “dans la lutte internationale”, a insisté l'orateur, en rappelant que l'Algérie est le 12e pays qui a ratifié la convention de l'Union africaine relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, et qu'elle s'est engagée à adhérer au groupe d'action financière (Gafi Moyen-Orient) pour combattre le fléau du blanchiment d'argent. “Adhérer au Gafi, c'est respecter ses 40 recommandations, c'est aussi accepter d'être évalué en matière de blanchiment”, a-t-il signalé en ajoutant plus loin : “L'Algérie doit faire ce pas pour avancer réellement dans la lutte contre la corruption.” M. Hadjadj a, en outre, informé de la mise en place prochaine d'un organe à l'échelle mondiale, dénommé “Conférence des Etats parties”, ayant ratifié la convention onusienne. Un organe qui ne bénéficie pas de “consensus” et qui se réunira d'ici à novembre ou début décembre 2006. “Nous souhaitons que le gouvernement attache toute l'attention nécessaire à cette réunion”, a averti le conférencier, en précisant que face aux enjeux posés, son association n'a qu'un “rôle de lobbying pour lutter contre la corruption”. Hafida Ameyar