La balance courante a enregistré, durant les 9 premiers mois de l'année et pour la première fois, un solde négatif l Selon les projections du FMI, l'endettement externe atteindrait 100% du PIB à l'horizon 2050. Le semblant d'aisance financière alimentant la boulimie dépensière des Algériens ne serait qu'un mirage. Les conclusions préliminaires de la mission du Fonds monétaire international (FMI) ayant séjourné en Algérie du 12 au 25 novembre dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article VI reflètent, à ce titre, une certaine inquiétude ou plutôt des appréhensions certaines. Dans un jargon suintant la circonspection diplomatique, le chef de la mission du FMI, Zeine Zeidane, a estimé, certes, que l'Algérie bénéficie d'une situation externe solide dans la mesure où celle-ci, n'enregistrant qu'un endettement quasi nul, dispose de réserves internationales susceptibles de couvrir à moyen terme ses besoins en importations et en endettement à court terme. Ces facteurs ne devraient cependant pas, selon le FMI, alimenter les excès ou un optimisme béat dans la mesure où les indicateurs montrent déjà des signes de fléchissement. Il s'agit plus précisément de la balance courante, laquelle a enregistré, durant les 9 premiers mois de l'année et pour la première fois, un solde négatif. En cause, un recul continu de l'activité dans le secteur des hydrocarbures, justifié en partie par le déclin de la demande de la part des partenaires de l'Algérie. Un recul du secteur qui a non seulement induit une baisse de la croissance globale du PIB, laquelle est passée de 3,3% en 2012 à seulement 2,7% en 2013, mais pèse également sur la position financière externe de l'Algérie. Le dynamisme des importations, l'inertie des exportations hors hydrocarbures, l'accélération de la consommation interne en produits énergétiques sont autant d'éléments qui alimentent les perspectives à long terme. Le propos est éloquent à ce sujet pour M. Zeidane : si l'Algérie persiste dans la même voie, elle finira par recourir à nouveau à l'endettement externe. Selon les projections du FMI, celui-ci atteindrait même 100% du PIB à l'horizon 2050. Plafonner le déficit public Des projections qui causent des soucis en ce qui concerne le financement du budget de l'Etat. Même si les experts du FMI font l'éloge des efforts entrepris par les pouvoirs publics algériens en matière de consolidation budgétaire, ils mettent en avant la vulnérabilité des finances publiques aux fluctuations du marché pétrolier. Pour assurer une plus grande viabilité des équilibres budgétaires à long terme, l'institution de Bretton Woods préconise d'instaurer, en plus d'un prix de référence rétrospectif du baril actuellement à 37 dollars dans le budget de l'Etat, un plafonnement du déficit public. L'objectif étant d'éviter les écarts en ce qui concerne les dépenses publiques et imposer une discipline en la matière. Si M. Zeidane se fait un point d'honneur à louer la baisse du déficit public, il ne se prive pas de critiquer, avec subtilité, la gestion du budget. Ainsi, alors que les pouvoirs publics, obnubilés par les politiques populistes, se piègent dans un schéma où les dépenses courantes augmentent et les dépenses d'investissement baissent, le FMI recommande le contraire. Celui-ci estime que le gouvernement devrait augmenter les dépenses d'investissement (budget d'équipement) car ayant un impact positif sur la demande interne et la croissance, et maîtriser les dépenses courantes (budget de fonctionnement), lesquelles n'ont pas d'impact en matière de productivité et de croissance. A ce propos, le chef de la mission du FMI estime que le coût unitaire du travail en Algérie est déjà assez élevé. Discours qui traduit d'ailleurs clairement la position du Fonds en ce qui concerne une hausse du salaire minimum induite par une hypothétique abrogation de l'article 87bis du code du travail. De même qu'il considère qu'en règle générale, les politiques de subventions généralisées sont inefficaces et bénéficient plus aux riches qu'aux pauvres. Il recommande ainsi de subventionner les ménages qui en ont besoin plutôt que les produits. Le dinar est surévalué C'est au titre des recommandations que le FMI préconise de sortir de cette logique dépensière et de mettre l'Algérie sur la voie de la croissance durable. Améliorer le climat des affaires, lever les obstacles à l'investissement étranger, encourager le secteur privé pour créer des emplois sont des axes bien connus dans le discours du FMI. Celui-ci prêche aussi en faveur de la levée de l'interdiction du crédit à la consommation, l'objectif étant de stimuler la demande des ménages, doper la croissance et améliorer les conditions de vie des citoyens. Le FMI estime que lorsqu'il s'agit de préserver la solidité de position financière externe des mesures macro-prudentielles seraient plus efficaces qu'une interdiction pure et simple. La diversification des sources de revenu est aussi un sujet sur lequel l'institution de Bretton Woods préconise de travailler. Il s'agit bien évidemment de la promotion des exportations hors hydrocarbures. Le FMI évoque aussi la diversification des ressources budgétaires via l'amélioration des recouvrements fiscaux, notamment auprès des plus riches. Le FMI recommande enfin aux autorités de mener une politique de change à même de renforcer la compétitivité externe de l'Algérie et d'éviter tout désalignement sur les fondamentaux. Estimant que la Banque d'Algérie travaille dans le souci de l'alignement de la politique de change sur les fondamentaux, Zeine Zeidane a indiqué que la récente dépréciation de 10% du dinar algérien est susceptible d'améliorer la compétitivité et de réduire le coût unitaire du travail (autrement dit neutraliser l'effet des augmentations de salaires), d'autant qu'il considère que le dinar algérien est légèrement surévalué. Pourtant, l'expert du FMI pense qu'aucune autre considération, à l'image de la consommation des ménages, ne devrait entrer en ligne de compte dans la politique de change. A méditer…