Malgré la «bise qui mordait», de nombreuses personnes ont pris part, samedi dernier à 18 h, à l'hommage rendu à Albert Camus par l'Institut Français d'Oran. L'évènement avait pour cadre l'espace Bellux, sis à l'avenue Bedeau, à Miramar. Cet espace, pour rappel, a abrité, de longues années durant, maintes manifestations culturelles. Samedi dernier, il s'était agi de lectures d'extraits des œuvres de Camus, lectures assurées du reste par les non moins talentueux comédiens français Marianne Denicourt et André Wilms. Le choix des textes qui ont été lus n'a pas fait un tour d'horizon de l'œuvre complète du philosophe, mais a ciblé, au contraire, deux thèmes assez précis. Tout d'abord, l'assistance a pu revisiter, au travers de la voix mélodieuse de Marianne Denicourt, la diatribe, pour ne pas dire le «brulôt» d'Albert Camus sur la peine capitale. Si Camus, contrairement à son frère ennemi qu'était Jean-Paul Sartre, avait une position pour le moins confuse sur la question algérienne, il a été au contraire très ferme concernant la peine capitale, et était de ceux qui criaient haut et fort : «Mort à toute peine de mort».Cette position assez tranchée lui avait valu d'avoir l'étiquette, qu'il revendiquait du reste, d'abolitionniste convaincu. Dans les extraits lus samedi dernier, on y voit un Camus non seulement foncièrement contre la peine de mort, mais encore un Camus qui démonte avec brio, et une déxtérité remarquable, les arguments des partisans de cette peine, de laquelle on ne revient pas. Marianne Denicourt, en revisitant «les réflexions sur la peine capitale», a ainsi mis l'accent sur le côté humaniste du philosophe. Par la suite, le comédien André Wilms a lu un petit extrait du recueil de Camus intitulé «Lettre à un ami allemand». Là encore, au travers de ces chroniques écrites durant la Seconde Guerre mondiale, transparaît un Camus assoiffé de justice, pour qui, aucun idéal ni aucune grandeur ne peut outrepasser la justice. Il s'était agi en fait d'une lettre écrite à un ami imaginaire, allemand, à une époque où l'Allemagne était encore nazie. Une lettre assez poignante qui dépeint, là encore, un Camus justicier et non justiciable, et qui va, faut-il le noter, à contre-courant de l'idée que se font beaucoup d'Algériens sur cet écrivain-philosophe qui avait opté pour le déni plutôt que de voir ce qu'était la réalité algérienne. Mais là est une autre affaire.Pour finir, les amoureux de l'œuvre camusienne pourront participer, le 15 décembre prochain, à une autre rencontre prévue autour de l'œuvre du philosophe où prendra part notamment Kamel Daoud pour signer son dernier opus «Mersault contre-enquête», une sorte de verso de «L'étranger».