C'est dans des conditions très difficiles que le procès des 22 accusés (dont 14 en détention et deux en fuite) poursuivis pour, entre autres, «importation et commerce de drogue» et «complicité de commerce de drogue» s'est ouvert hier au tribunal criminel près la Cour d'Alger. Dans le box des accusés, il y a de tout : des stewards, mais aussi le gendre d'un général en activité, deux policiers dont un officier, le cousin d'un grand réalisateur, le fils d'un homme d'affaires très connu sur la place d'Alger et même un chanteur. Hellou Youcef, un jeune steward de 27 ans, est le premier à être appelé à la barre. Il revient dans le détail sur les circonstances de cette journée où les services de sécurité l'ont arrêté avec 230 g de cocaïne alors qu'il revenait de Bamako. Il implique certains de ses collègues et avoue avoir été «utilisé comme une mule» dans l'importation de cocaïne auprès d'un Malien, un certain Brahim, que tout le personnel d'Air Algérie connaît puisqu'il leur achète, depuis 20 ans, du miel, des statues africaines et des mangues. Hellou enfonce ses collègues qui l'ont sollicité, mais eux continuent à nier. Il persiste à les confronter, comme le fait Bayoudh Mohamed, qui reconnaît avoir été abusé par un de ses collègues. «J'ai rendu service à un collègue dans le cadre du travail et je me retrouve ici. J'ai ramené de la cocaïne sans le savoir, pour Farsi Abdennour, mais je ne l'ai plus refait», lance-t-il au juge, en déclarant avoir subi des menaces de la part de Farsi Abdennour qui exigeait de lui de retirer les propos selon lesquels il lui aurait remis 1000 euros pour lui ramener de la cocaïne de Bamako. Certains reconnaissent avoir consommé de la drogue, rejetant l'accusation de «commerce» et d' «importation». Selon eux, les révélations faites devant la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et le juge d'instruction ont été «arrachées sous la torture et la pression». Le chanteur Réda Sika, de son vrai nom Bendjamaa Réda Abdellah, steward, plaide l'innocence et accuse la presse de l'avoir enfoncé et d'être la cause de sa mise en détention. «J'étais entre les mains du DRS, ceux qui font parler les terroristes. S'ils m'avaient demandé de dire que j'avais importé 10 kg, je l'aurais fait. Ils m'ont torturé. Je n'ai rien à voir avec cette affaire. Mon histoire c'est que j'ai consommé, à Bamako, un gramme de cocaïne avec mon collègue Farsi Abdennour, en 2008. Depuis, je n'ai plus jamais touché à la drogue», affirme l'accusé. Les auditions se sont poursuivies très tard dans la soirée et reprendront aujourd'hui.