Sara, Maria, Baya, Yasmine, Emir, Rima, Soumia et Ikram sont des étudiantes et des étudiants de pharmacie engagés avec l'association ASEPA. Ils font partie d'une centaine d'autres mobilisés à travers quatre établissements universitaires pour la journée mondiale de lutte contre le sida célébrée chaque 1er décembre. A la fac centrale d'Alger, ce groupe d'activistes majoritairement féminin, armé de deux dépliants, s'active à sensibiliser les étudiants ce dimanche matin. «Le premier dépliant contient des explications sur la maladie, le virus du VIH, les modes de transmission, les formes de prévention, en plus des statistiques», explique Khadidja, membre de l'ASEPA. Utilisé exclusivement pour un test de connaissances, le deuxième dépliant est un rédigé sous forme de quiz. «Il va nous servir de base de données pour tester les connaissances des étudiants. Nous avons déjà récolté plus de 2500 questionnaires, cela va nous permettre de créer nos propres statistiques», ajoute-t-elle. Leur quartier général de campagne a été érigé sur deux tables à l'entrée du département des Lettres. Dans cette exposition voulue «interactive» par les membres de l'association, les visiteurs sont sollicités pour répondre aux quiz, assister à des explications orales et dans une mesure de solidarité ils sont incités à porter le ruban rouge, symbole de solidarité, sur le côté gauche de la poitrine. Les étudiants sont également invités à laisser leurs empreintes en rouge sur un poster accroché au mur. Le tableau d'empreintes formera le ruban rouge du sida. Selon Khadidja et ses camarades, la journée de sensibilisation était marquée par plusieurs échanges vifs et instructifs mais aussi des obstacles. Elles notent le refus d'une bonne partie des étudiants de porter le ruban rouge, symbole de solidarité avec les personnes atteintes du sida. «Ce signe (le ruban) est mal vu», justifie un étudiant visiteur. L'autre constat établi par Khadidja et ses comparses a trait au manque de connaissances de la maladie. «On est en 2013 et il y a encore des étudiants qui pensent que la maladie est transmissible par la main», s'indigne Yasmine. «Les tabous et la discrimination envers les séropositifs sont les deux principales épreuves que nous avons eu à surmonter», résume khadidja. «Il faut exclure le sida et non les séropositifs», réplique Yasmine. Le «Ana Khatini (je ne suis pas concerné)» est un esprit largement présent dans le milieu estudiantin. Cette phrase est lâchée comme un aveu de malaise par l'étudiant dès que Rima aborde le sujet du sida. «D'autres étudiants se sentent gênés dès qu'on aborde la transmission du virus via les relations sexuelles», constate-t-elle.