L'éventualité de la tenue d'une tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) fin juin ou début juillet est d'ores et déjà rejetée par l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Par la voix de deux proches collaborateurs de Abdelmadjid Sidi Saïd, la centrale syndicale affiche, en effet, son désaccord tout en s'interrogeant sur les motifs qui ont conduit à un changement « subit » du timing. Pour l'UGTA, les assises d'une « rencontre aussi décisive pour le pays » sont prévues en septembre 2006. L'UGTA réagit ainsi suite à une déclaration faite, avant-hier, par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, et selon laquelle la tripartite se tiendra fin juin ou au plus tard début juillet. Le « scoop », si c'en est, a été communiqué lors d'une rencontre avec la direction nationale du CNES. Visiblement satisfaite d'avoir eu la primeur, celle-ci a, de son côté, répercuté l'information au cours d'un point de presse. « Nous avons appris la nouvelle en lisant les journaux. Aucune information officielle suggérant un changement de date ne nous a été communiqué », déclare-t-on à l'UGTA. La centrale syndicale met toutefois en avant un chapelet de raisons qui s'inscrivent, selon elle, en droite ligne avec le timing jusque-là retenu. « Il y a un programme qui est déjà tracé et qui consiste à préparer les conventions de branches. Tout ce travail ne peut être concrétisé en un laps de temps aussi court. Aller en tripartite dans un mois, c'est vraiment très serré », argumente l'UGTA. L'organisation de Sidi Saïd, sans vouloir « trop incommoder » Harraoubia, se pose cependant la question suivante : « Pourquoi faire une telle annonce alors que la logique aurait voulu que le partenaire social soit informé de tout ce qui a trait directement à la tripartite. Si l'intention de M. Harraoubia est de calmer le front découlant de la grève des universités, cela est une autre affaire. S'il s'agit d'une fuite en avant, qu'elle ne se fasse pas avec l'assentiment de l'UGTA », tonne M. Aït Ali, secrétaire national à l'information. Des propos que les observateurs ont vite fait de décoder : « Si l'UGTA s'est abstenue de toute déclaration concernant la grève des universités, elle n'en est pas moins compatissante, et ce pour deux raisons fondamentales. Primo, la situation quasi lamentable de l'enseignant du supérieur. La seconde raison est que les blocages des examens dans nombre d'établissements ne sont pas sans hypothéquer sérieusement l'admission des nouveaux bacheliers. » Par ailleurs, le monde politique et syndical continue à réagir par rapport à la grève qui se poursuit toujours malgré les « promesses » du ministre de l'Enseignement supérieur. Hier, c'était au tour du MDS d'exprimer son soutien aux enseignants du supérieur, dont trois représentants viennent d'être mis en examen. Dans la même déclaration, parvenue, hier, à notre rédaction, l'ex-PAGS fait état également de sa consternation « par rapport au front social en ébullition ». Le Syndicat des praticiens de la santé publique exprime sa solidarité avec les universitaires.