Fondateur des laboratoires Théa, spécialisés dans les collyres sans conservateur dans le traitement du glaucome, Henri Chibret, pharmacien de formation, revient dans cet entretien sur l'innovation de l'industrie lancée par Paul Chibret dans le domaine de l'ophtalmologie et particulièrement dans la lutte contre le trachome en Afrique à travers la Fondation Théa. -Vous venez pour la première fois en Algérie à l'occasion du 28e congrès d'ophtalmologie de la Société algérienne d'ophtalmologie. Quelle impression avez-vous quant à la pratique de l'ophtalmologie en Algérie ? Je dois d'abord rappeler qu'il y a un lien historique entre l'Algérie et la famille Chibret. Il y a une relation affective entre les deux avant l'indépendance et après l'indépendance. Mon arrière-oncle, Paul Chibret, médecin militaire, était dans la région constantinoise en Algérie en 1870, il avait contracté le trachome et fut rapatrié en France pour être soigné. A cette époque, il avait promis que s'il arrivait à sauver sa vue, il deviendrait ophtalmologue. Ainsi, il fut à l'origine d'une importante industrie d'innovation dans le domaine de l'ophtalmologie, les laboratoires Chibret, et il participait aux campagnes contre le trachome. Le premier collyre antibiotique a été introduit en 1946 et un corticoïde en 1950. Ce qui a bouleversé le pronostic de la maladie oculaire. Le lien avec l'Algérie est resté très important pour nous-mêmes après l'indépendance et notre relation avec les ophtalmologistes algériens est très étroite. Ce sont des praticiens très dynamiques. Ils sont d'une avidité de connaissances qu'on ne trouve pas dans certains pays. La Société algérienne d'ophtalmologie est très dynamique, ainsi que les associations dédiées aux pathologies telles que le glaucome, la rétine, etc. -En quoi consiste l'innovation dans les traitements des maladies oculaires chez les laboratoires Théa et quelle est la spécificité des produits ? L'utilisation de la pommade était l'unique moyen de traiter certaines affections de l'œil. Le collyre posait le problème de contamination. Mais Jean Chibret, mon père, avait alors réfléchi au moyen de conserver ce collyre en introduisant des dérivés du mercure, et dès 1950 il y a eu le lancement du premier collyre à la cortisone et d'autres qui ont bouleversé la thérapeutique de l'inflammation oculaire. Au fil des années, il a été démontré que les conservateurs avaient des effets secondaires, en l'occurrence les dermatites. Les laboratoires Théa sont les premiers à avoir mis au point le collyre sans conservateur en France, selon les recommandations de l'OMS. -Des programmes de formation pour les jeunes ophtalmologistes sont soutenus par la Fondation Théa à travers le monde. Quel est le programme consacré à l'Algérie ? La Fondation Théa aide effectivement beaucoup de jeunes ophtalmologistes dans la formation continue. Il y a 15 segments thérapeutiques en évolution, il est donc important pour ces praticiens de se familiariser avec les nouvelles techniques de prise en charge des maladies oculaires.Des cycles de formation consacrés aux thèmes de la surface oculaire ont été alors organisés en France, particulièrement à Clermont-Ferrand et en Algérie. Il y a eu 18 conférences et la dernière en date a concerné 300 ophtalmologistes algériens. -La lutte contre le trachome est votre cheval de bataille. Qu'en est-il de ce projet en Afrique du Nord et particulièrement en Algérie ? La Fondation Théa a participé à de nombreuses campagnes contre le trachome à travers le monde et apporté son expérience en Algérie dans une campagne de grande envergure qui n'a pas d'équivalent dans les pays où il y a le trachome. Pour tous ces efforts, la Fondation Théa s'est vu décerner la plus haute distinction par la Société méditerranéenne d'ophtalmologie (médaille d'or). Notre apport également pour la communauté d'ophtalmologistes est de mettre à leur disposition de nouveaux traitements comme celui qui vient d'être lancé sur le marché, un collyre pour la lutte contre le trachome, Azyter, alors que le produit existait seulement sous forme de comprimés.