InfoSoir : La première revendication de la Sag est l'inscription du glaucome sur la liste des maladies chroniques... Le Pr Tiar : Le coût des drogues antiglaucomateuses, l'éloignement géographique, la nécessité de contrôles cliniques multiples réguliers, et souvent le recours à des explorations fonctionnelles coûteuses grèvent lourdement le budget de nos patients et font qu'ils abandonnent leur traitement malgré eux. C'est pour cela que nous allons œuvrer, dans le cadre de la société algérienne du glaucome, à faire inscrire le Glaucome primitif à angle ouvert (Gpao) sur la liste des maladies chroniques afin de réduire le taux de cécité par glaucome. Quelle est la situation de cette pathologie en Algérie ? Dans le cadre du programme de lutte contre les cécités évitables, une enquête nationale a été réalisée en 2008, sous l'égide du ministère de la Santé, avec la collaboration de tous les services d'ophtalmologie (210 ophtalmologues). Ce travail avait pour but d'évaluer la prévalence des principales causes de cécité évitables dans la population âgée de 40 ans et plus. La prévalence des pathologies oculaires cécitantes est de 13, 8% pour la cataracte, 4,6% pour le glaucome, 2,4% pour la rétinopathie diabétique, 1,7% pour les causes cornéennes et 0,7% pour le trachome. Comment savoir si nous sommes atteints ? Le Gpao est d'évolution insidieuse, souvent asymptomatique et pendant longtemps. L'évolution est très lente, sans rougeur oculaire ni douleur. L'acuité visuelle est longtemps conservée, alors que les déficits du champ visuel sont bien installés et étendus. Après plusieurs années d'évolution peuvent apparaître une gêne fonctionnelle, un brouillard visuel et une perception de halos colorés, plus rarement, des douleurs oculaires ou péri-oculaires. L'affection est souvent diagnostiquée lors de l'examen systématique effectué à l'occasion de la première prescription pour presbytie. Seul un ophtalmologiste peut poser le diagnostic de glaucome. C'est une affection qui touche les deux yeux, mais généralement de façon asymétrique. Il arrive que le patient consulte alors que pour un seul œil qui est perdu ou quasiment perdu. Comment traiter cette maladie grave ? A l'heure actuelle, il n'existe pas de traitement curatif. Le traitement est médical dans la majorité des cas et il est prescrit à vie. La chirurgie n'est indiquée qu'en l'absence de résultats d'un traitement médical. On peut freiner, voire arrêter sa progression. Nous disposons pour cela, de 3 catégories de traitement, à savoir, le traitement médical, le traitement physique par le laser et la chirurgie. Le traitement du glaucome repose principalement sur le traitement de l'hypertonie oculaire. Il est avant tout médical. Pour cela, nous disposons de plusieurs collyres qui agissent selon des mécanismes différents. Le laser vise à augmenter la perméabilité du filtre de l'angle iridocornéen, donc à faciliter l'évacuation de l'humeur aqueuse. Les effets sont parfois transitoires et nécessitent des (re)-traitements. La chirurgie n'est indiquée qu'en cas d'échec d'un traitement médical bien conduit. * Présidente de la Société algérienne du glaucome (Sag),chef de service d'ophtalmologie au CHU de Bab El-Oued.