Des femmes du continent africain se sont rencontrées, hier, dans les camps de réfugiés sahraouis, le temps de rappeler la place de la femme dans le combat pour la liberté et exprimer leur solidarité à la cause sahraouie. Tindouf. De notre envoyé spécial
Du camp de Boujdour où elles ont participé à une conférence internationale sur «Le rôle des femmes dans le mouvement pour la liberté et l'indépendance en Afrique», elles ont salué la résistance populaire des Sahraouies dans les territoires occupés et ont renouvelé leur appui à leur combat. Sud-Africaines, Mozambicaines, Algériennes, Namibiennes, Angolaises et Burkinabés ont, à l'occasion, exprimé la nécessité d'élargir le soutien à la cause sahraouie. La conférence d'hier est la seconde du genre pour les femmes africaines, après celle qui s'est déroulée en avril dernier et où 120 pays africains avaient participé. Objectif : travailler pour élargir l'éventail de solidarité des femmes à travers le monde. Elles ont participé récemment au Congrès américain, pour sensibiliser et réunir l'adhésion du maximum des femmes. Ainsi, des expériences sur la lutte de la femme pour la liberté et l'indépendance ont été présentées. L'occasion pour Noria Hafsi, de l'Union nationale des femmes algérienne (UNFA), d'évoquer les combats d'El Kahina, Fatma n'Soumer, Djamila Bouhired et Hassiba Ben Bouali qui «ont milité contre l'esclavage et le colonialisme» et la résistance des Algériennes durant la décennie noire. Noria Hafsi, qui a proposé de donner à la conférence l'intitulé «Nelson Mandela, symbole du militantisme et du sacrifice», a estimé qu'«il y a une évolution et une avancée dans la cause sahraouie», ce qui la rend convaincue que «la liberté du peuple sahraoui est proche». La présidente de l'Union des femmes sahraouies (UNFS), Fatma El Mahdi, a indiqué qu'à travers cette conférence, les Africaines affirment leur détermination à concrétiser les «valeurs» pour lesquelles Mandela s'est sacrifié. Dans ce registre, la RASD a déclaré un deuil national de trois jours en hommage au leader africain. Les drapeaux ont été mis en berne à la mémoire de Nelson Mandela. «Votre victoire est proche, ne perdez pas espoir», a dit, à l'adresse des Sahraouies, Nomé Petrina Haingurde, secrétaire générale de la Swapo (Namibie), qui a aussi évoqué le combat des Namibiennes durant les 23 ans de colonialisme qu'a connus son pays. Ainsi, pour Nomé Petrina, les problèmes que rencontrent les femmes dans le monde sont les mêmes et, à ses yeux, «la seule différence est dans la nature des combats». «Certaines se battent pour la dignité et la liberté, d'autres pour d'autres préoccupations», précise-t-elle. Et de conclure que «cette ressemblance appelle les femmes du monde à trouver des solutions à leurs problèmes».Les participantes à la conférence d'hier ont débattu de plusieurs questions d'actualité ayant trait à la participation de la femme à la vie politique dans le continent et il était attendu de conclure avec des recommandations. Rassemblement devant le «mur de la honte» La veille, elles étaient près de 200 femmes du continent africain à se rendre devant le mur de défense marocain, à El Mahbes (territoire sahraoui libéré), pour exiger son démantèlement. Les participantes venues d'Algérie, d'Afrique du Sud, du Mozambique, de Namibie, de Zambie, du Burkina Faso, de Côte-d'Ivoire, de Centrafrique et d'Espagne, ont dénoncé ce «symbole de la colonisation marocaine du Sahara occidental». Ce mur long de 2720 km, que d'aucuns qualifient de «crime contre l'humanité» divise, à ce jour, le peuple du Sahara occidental depuis 1980. Un rempart militaire truffé de millions de mines antipersonnel et défendu par des milliers de soldats armés jusqu'aux dents. Le Sahara occidental est en effet parmi les pays les plus pollués au monde par des mines et autres bombes à fragmentation. Elles seraient environ cinq millions à avoir été posées sur le territoire du Sahara occidental depuis le début du conflit opposant le Maroc et le Front Polisario, en 1975. Ces mines ont déjà fait des milliers de victimes. Selon un responsable sahraoui, près de 2500 humains et animaux en auraient été victimes depuis que ce mur a été construit. Le Front Polisario a signé l'Appel de Genève en novembre 2005, un cadre international visant à engager des acteurs non étatiques sur les questions ayant trait aux mines terrestres. Trois mois après, en février 2006, il avait entamé le processus de destruction des stocks des territoires libérés. Mais le makhzen refuse toujours de signer la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel.