En octobre 2012, les walis avaient reçu l'instruction d'accélérer l'opération d'éradication du commerce informel pour l'intégration des différents intervenants dans le réseau officiel. Cette opération, lancée en grande pompe un mois plus tôt, conjointement entre les ministères du commerce et de l'Intérieur, a connu en effet plusieurs étapes. Elle vient de boucler sa première année, mais les résultats ne sont pas totalement atteints si l'on se réfère aux promesses et aux engagements tenus dans ce cadre. L'opération avance à un rythme ralenti puisque les marchés anarchiques dressés souvent au centre des cités urbaines entre écoles, immeubles d'habitation et autres infrastructures publiques sans respect des règles les plus élémentaires de l'hygiène publique continuent à s'imposer. Et dire qu'ils devaient être éradiqués au plus tard en mai 2013, selon l'instruction adressée aux walis. Il était également attendu que ce processus d'éradication des commerces informels atteigne les 90% au mois de ramadhan dernier, c'est-à-dire en juillet selon les engagements de l'ancien ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia. Or, ce n'est pas le cas. Le délai fixé et révisé à cet effet n'a pas été respecté pour moult raisons. Aujourd'hui, sur les 1368 marchés informels recensés à l'échelle nationale, plus de 800 ont été éradiqués depuis le début de l'opération de résorption de ces marchés, soit 60% selon un bilan rendu public la semaine dernière par le ministère du commerce : «A fin octobre 2013, 833 marchés informels ont été éradiqués sur les 1368 existants, et 17 577 sur les 40 000 intervenants dans ces marchés ont été redéployés dans de nouveaux marchés de proximité», indique à cet effet le bilan de la direction générale de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, qui précise encore une fois que l'alternative au marché informel seront les marchés de proximité. Or, on est bien loin des 90% promis pour le mois de juillet 2013, avec moins de 50% des intervenants redéployés, même si les assurances ne manquent pas à ce sujet. Les efforts dont ne cesse de rappeler l'ampleur le département de M. Benbada n'ont finalement pas été couronnés de résultats à la hauteur des engagements pris dans ce cadre. C'est le cas d'ailleurs pour les autres mesures arrêtées pour tenter d'organiser un secteur en proie aux pratiques illégales comme la vente de produits contrefaits. Pourquoi un tel retard dans l'exécution des programmes ? De l'avis des experts, cette situation s'explique par le caractère conjoncturel des solutions adoptées. «Ce sont des actions ponctuelles et conjoncturelles qui ne sont pas sous-tendues par une stratégie globale et réfléchie à même de traiter le problème efficacement et durablement», estime à ce sujet Jugurtha Bellache, enseignant d'économie à l'université de Béjaïa qui a eu justement à faire une enquête sur l'emploi informel dans cette région. Selon M. Bellache, c'est une manière pour l'Etat de «donner l'impression que l'Etat n'est pas absent et qu'il prend en charge ce problème». Un problème né selon la même source de la conjugaison de nombreux acteurs, notamment l'inexistence de marchés formels, structurés et réglementés susceptibles de répondre à une forte demande sociale émanant essentiellement des couches sociales à la recherche de produits de bonne qualité adaptés à leurs revenus. Sur ce point, les promesses ne manquent pas également. Le programme ministériel comprend de nombreux projets pour la réalisation de nouveaux marchés. Ainsi, 715 infrastructures de proximité sont en cours de construction, alors que 238 autres structures commerciales seront lancées en 2014 à travers le territoire national. Mais faudrait-il asseoir les bases d'une gestion efficace de ces marchés, notamment par les communes qui ont longtemps abandonné ce créneau laissant ainsi le champ libre à la prolifération des marchés anarchiques et ouvrant la voie aux contrefacteurs.