La prise en charge des patients accuse de grosses lacunes. Une rencontre portant sur l'examen et l'évaluation de la gestion des établissements hospitaliers des dix wilayas du centre du pays a été tenue récemment à l'Université «Yahia Fares» de Médéa. Présidée par M. Abdelmalek Boudiaf, ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, cette rencontre régionale intervient juste après deux inspections effectuées récemment par des cadres de l'administration centrale (ministère) qui ont consigné chacun dans un rapport circonstanciel tous les points faibles constatés au niveau de chaque structure hospitalière. Le contenu et les appréciations des enquêteurs portées dans ces documents ne peuvent laisser aucune personne indifférente à la situation dégradante que connaissent de nombreux hôpitaux du secteur public. La colère du ministre Cet état des lieux déplorable et l'attitude des chefs d'établissement fuyant leurs responsabilités n'ont pas manqué de mettre le premier responsable du secteur hors de lui. Ainsi, il n'a pas mâché ses mots en intervenant énergiquement sur un ton humiliant et menaçant, surtout lorsqu'il s'agit de praticiens désertant leur service et refusant de faire la garde avec une complicité avérée. Par ailleurs, il devait accorder un dernier sursis aux gestionnaires récalcitrants afin de redresser la situation catastrophique de leurs établissements respectifs avant que des sanctions exemplaires soient prises à leur encontre allant jusqu'à la suspension des défaillants. Aussi, il a été recommandé aux gestionnaires d'informatiser au plus tard avant la fin du mois de décembre 2013 tous les services administratifs et pour le mois de janvier 2014 tous les dossiers médicaux des malades hospitalisés. La confection et l'élaboration des budgets des DSP ne devront plus souffrir de retard et les inventaires des équipements mobiliers et du parc automobile devront être mis à jour avant la fin de l'année en cours. Le ministre a sommé les responsables locaux à travailler dans la transparence et de ne rien cacher en faisant participer les partenaires sociaux aux réunions du conseil de gestion et d'inviter également la presse à assister aux travaux. Des mesures draconiennes ont été prises selon la spécificité de chaque CHU pour améliorer la prise en charge des patients, à l'exemple du Directeur général du CHU de Mustapha Bacha qui a été rappelé à l'ordre par le ministre qui l'a sommé de mettre un terme dans l'immédiat à la pagaille et l'anarchie que connaît le parc de stationnement automobiles. Aussi, d'autres questions ont été abordées. Elles concernent notamment les visites des malades, la nourriture, les garde-malades, les accompagnateurs, etc. Là, le ministre a été catégorique, il a déclaré publiquement qu'il ne tolèrerait aucune complaisance à ce sujet. «Tout responsable défaillant sera sanctionné sévèrement et des inspections inopinées seront programmées à cet effet pour vérifier l'application des instructions données», a-t-il dit sur un ton plein de menaces. «Dorénavant, les agents hospitaliers sont scrupuleusement responsables de prendre en charge entièrement les malades à l'entrée de l'hôpital en mettant à leur disposition les moyens du service chaises roulantes, brancards, etc. afin de mettre fin à cette cacophonie qui règne encore dans les services de soins de l'hôpital», a-t-il ajouté. D'après ses orientations, les malades ne seront plus reçus par les agents de sécurité, mais par un personnel qualifié choisi parmi les agents paramédicaux les plus expérimentés qui seront chargés de faire le «tri» et orienter les patients vers les praticiens spécialistes assurant la garde. La formation comme priorité En outre, la formation a été le clou de la rencontre, car tout est basé essentiellement sur cette discipline pour maîtriser et améliorer la situation de la santé publique du pays en mettant définitivement le train sur les rails. On a annoncé le recrutement et la formation de 6500 ATS (paramédicaux) prochainement parmi les jeunes qui ont échoué au bac et la formation également de jeunes pour la maintenance des équipements de la radiologie. Les ordonnateurs secondaires ont été incités à consommer les crédits mis à leur disposition pour le recyclage et le perfectionnement du corps des médecins exerçant dans les services publics de la santé avant la fin de l'exercice budgétaire en cours. Enfin, cinq ateliers ont été constitués pour élaborer des recommandations en fin de séance dans les domaines, à savoir les urgences, la gestion des établissements hospitaliers, les médicaments, l'accueil, l'hygiène et la maintenance. A la clôture, Abdelmalek Boudiaf a annoncé que désormais les futurs médecins spécialistes ne seront plus affectés au nord du pays mais devront servir en priorité leurs compatriotes habitants les zones du sud et des hauts-Plateaux. A défaut de ne pas rejoindre leur poste de service civil dans ces régions, leurs diplômes seront suspendus jusqu'à l'accomplissement de leur devoir national.