Des salariés de l'entreprise Saipem, spécialisée dans l'exploitation des hydrocarbures, ont effectué un sit-in avant-hier en début d'après-midi, au siège de Sidi Yahia, à d'Alger, pour protester contre un nouveau plan de licenciements qu'ils considèrent «abusif» et «sans fondement» au regard des gains engrangés par la compagnie, estimés à près de 11 millions d'euros par des salariés de l'entreprise, qui ajoutent : «Depuis les affaires Sonatrach, Saipem est black-listée, mais les projets en cours en sont encore à 95% d'avancement et pourtant, on veut nous renvoyer.» Saipem invoque pour sa part des raisons économiques qui poussent à réduire ses effectifs et ne garder que son personnel indispensable. L'entreprise n'en est pas à son premier plan de licenciement controversé puisque quelques mois auparavant, les travailleurs recrutés par contrat à durée déterminée (CDD) ont été renvoyés pour les mêmes raisons, «sans aucune indemnité et après avoir enchaîné les contrats à durée déterminée», selon un salarié de l'entreprise. A cette époque, le nombre d'employés était passé de 2400 à 700, soit une compression d'effectif de plus de 70% qui devrait se poursuivre puisque les salariés ne seront plus que «40 à 50 personnes, à majorité des expatriés payés six fois plus que les travailleurs locaux pour un travail équivalent», selon un employé de Saipem dont le poste est menacé de suppression. Et de poursuivre : «On veut nous imposer un plan de départs volontaires basé sur des indemnités en mois de salaire par année d'ancienneté. Nous n'avons pas notre mot à dire, puisque nous ne sommes représentés par aucun syndicat, nous sommes livrés à nous-mêmes.» Une commission ad hoc a été créée, mais son but est uniquement de négocier les indemnités, mais en aucun cas de sauver les postes des employés de Saipem. Pourtant, la législation algérienne est claire, comme l'explique Djamel Abdelkader, juriste spécialisé dans les questions du droit du travail : «Quand le licenciement s'avère nécessaire, il doit d'abord être correctement justifié et ensuite, selon les termes de la loi de 1994, un volet social doit être proposé aux salariés avec des solutions comme la réduction de temps de travail, le partage du temps.» Humiliation Une procédure qui n'a pas été respectée si l'on en croit les salariés. Djamel Abdelakder poursuit : «L'indemnité est conforme à la loi, mais c'est l'empressement du recours à celle-ci qu'il faut questionner. De plus, la règle du mois par année d'ancienneté n'est stipulée nulle part, elle est simplement devenue une règle tacite. Il faut que l'Etat encadre l'application des textes légaux, car c'est ce qui fait actuellement défaut.» Pour les employés de Saipem, c'est le sentiment d'humiliation qui prédomine comme le confie un ingénieur présent au sit-in : «Nous sommes humiliés, nous avons mené à bien les projets de l'entreprise et nous en sommes fiers. Maintenant, on nous humilie sans que personne ne réagisse. Nous sommes totalement impuissants.» Une situation frustrante pour le corps salarié de Saipem, qui met la lumière sur les failles des textes législatifs en matière de droit du travail et leur application.