Pour les spécialistes, un diagnostic rapide et un traitement précoce améliorent considérablement les chances de survie des nouveaux-nés exposés au VIH. Pas moins de 51 cas de sida ont été découverts depuis le début de l'année en cours contre 43 en 2012 par le service des maladies infectieuses du CHU de Constantine. Concernant la prévalence parmi les personnes séropositive, elle est en constante augmentation, avec 9000 personnes sur tout le territoire national, d'où la nécessité de multiplier les campagnes de sensibilisation en direction de toutes les franges de la société pour les inciter à faire le dépistage, qui à mon avis devrait être obligatoire. Ces chiffres sont d'ailleurs très inquiétants et ne reflètent pas toute la réalité, puisque certains séropositifs ignorent qu'ils sont porteurs du virus, et de nombreux sidéens ne déclarent pas leur maladie de crainte de la stigmatisation», a déclaré le Dr Lemaâdi Boudjemaâ, médecin en épidémiologie, lors d'une journée de sensibilisation sur le sida en direction des sages-femmes, tenue jeudi passé à l'Institut supérieur de la formation paramédicale de Constantine. Une manifestation qui a vu la participation de médecins et de psychologues qui ont débattu des moyens de prévention contre le VIH chez les femmes enceintes. Ces dernières représentent la première ligne pour empêcher l'infection des nouveau-nés. A ce sujet, tous les intervenants ont été unanimes à dire qu'un diagnostic rapide et un traitement précoce améliorent considérablement les perspectives de survie des nouveau-nés exposés au VIH à condition que le dépistage pour les femmes enceintes soit systématique, comme cela se fait dans les pays voisins. Mlle Dahmani, psychologue clinicienne à l'établissement public de santé de Hamma Bouziane, s'est penchée dans son intervention sur l'impact du sida sur la relation de la sage-femme avec la femme enceinte. Elle estime qu'avant de parler de sida, il faudrait d'abord discuter et élargir la relation soignant-soignée, car c'est grâce à celle-ci qu'on peut faire évoluer les choses, comme annoncer le diagnostic d'une maladie (le sida), qui est porteuse de plusieurs notions de honte, puisqu'elle est reliée à la sexualité, qui reste un sujet tabou dans notre société. Dans un autre registre, dira-t-elle, la maladie du sida a des répercussions négatives sur la relation mère-enfant, en raison des troubles psychologiques qu'elle peut engendrer, comme le renoncement à l'allaitement qui est un vecteur très important dans l'évolution de l'enfant. Interrogée en marge de cette journée, Mme Kabouche, sage-femme à la maternité de Aïn S'mara, souligne qu'il est primordial d'effectuer le dépistage pour les femmes enceintes même s'il ne s'agit pas de l'imposer mais de le proposer pendant la grossesse. Elle estime que les sages-femmes sont les plus exposées au virus, car aucune mesure de précaution n'est prise lors de l'accouchement, en précisant que les femmes porteuses du VIH ne doivent en aucun cas accoucher par voie basse, mais par césarienne. Les différents intervenants ont conclu que la sensibilisation reste insuffisante pour lutter contre le sida et qu'il faudrait réfléchir aux moyens de rendre obligatoire le dépistage en particulier pour les femmes enceintes. Une mesure qui permettra de diminuer à 0,3 % le risque de transmission du virus de la mère à l'enfant.