Les chiffres sont loin de refléter la réalité, sachant que beaucoup ne déclarent pas leur maladie par crainte de stigmatisation, et que d'autres sont séropositifs, ignorant être porteurs du virus. Quelque 47 cas de sida et une trentaine de séropositifs ont été recensés depuis le début de l'année en cours par le service des maladies infectieuses du CHU de Constantine. Un service qui reçoit les malades de plusieurs wilayas de l'Est à défaut de structures spécialisées dans la prise en charge des personnes vivant avec le virus, sachant que seuls les hôpitaux de Sétif, Annaba et Constantine traitent ce genre de pathologie. Selon Pr. Djamel-Eddine Abdennour, chef du service des maladies infectieuses du CHU Benbadis, la plupart des malades sont âgés entre 25 et 49 ans. Celui-ci souligne que le nombre de cas de sida chez l'adulte est en nette croissance depuis les années 1990. «De 1985 à 2000, une moyenne nationale de 110 nouveaux cas par an était recensée, mais depuis 2010 une croissance exponentielle du nombre de nouveaux cas est relevée puisque l'on a recencé 434 nouveaux cas l'année passée», ajoutera-t-il. Des chiffres très inquiétants qui ne reflètent pas toute la réalité puisque certains séropositifs ignorent qu'ils sont porteurs du virus et de nombreux sidéens ne déclarent pas leur maladie, par crainte de la stigmatisation. Notre interlocuteur affirme, par ailleurs, que l'augmentation du nombre de séropositifs à l'échelle nationale qui était, à titre d'exemple, de 5 381 cas en septembre 2011, et qui est passé en novembre de la même année à 6 000 cas, est une autre source d'inquiétude. Pour ce qui est des enfants atteints du sida, leur nombre est en nette diminution, précise notre interlocuteur, grâce notamment à un diagnostic et un traitement précoce qui ont amélioré considérablement les perspectives de survie des nouveau-nés exposés au VIH. Et de citer le cas du CHU Benbadis, où sur la dizaine de nouveaux-nés de mères séropositives, qu'a connus le service de gynécologie l'année passée, tous étaient séronégatifs. Et d'ajouter: «La prévention des infections au VIH chez les femmes représente la première ligne de défense pour empêcher l'infection des nouveau-nés.» En ce qui concerne le traitement des malades sidéens au CHU Benbadis, le Pr. Abdennour nous dira que la trithérapie a augmenté considérablement l'espérance de vie des malades. Ce traitement est disponible et il est entièrement pris en charge par l'Etat. Pour ce qui est du volet prévention, notre interlocuteur précise que des centres de dépistage existent dans toutes les wilayas mais ne sont malheureusement pas toujours fonctionnels.