C'est visiblement la dernière ligne droite avant la tenue de Genève-2, la conférence destinée à mettre un terme à la guerre civile en Syrie. Différée à maintes reprises, cette rencontre va finalement se tenir le 22 janvier à Montreux, en Suisse. La conférence tant attendue va réunir pour la première fois à la même table des représentants du gouvernement syrien et de certaines factions de l'opposition. La composition de ces délégations est néanmoins un casse-tête pour les parrains de la conférence (Les Américains et les Russes, Ndlr), qui se sont concertés une nouvelle fois hier à Genève sous la présidence de l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi. Outre le casse-tête de la composition de la délégation de l'opposition qui présente l'inconvénient d'être très éclatée, hauts diplomates russes, américains et de l'ONU doivent régler la question de la participation controversée de deux alliés des belligérants, l'Iran, principal soutien économique et militaire de la Syrie, et l'Arabie Saoudite très engagée dans l'aide militaire et financière à certaines factions de l'opposition. Le principe de cette participation paraît désormais acquis, selon des sources diplomatiques, facilité en ce qui concerne l'Iran par la conclusion d'un accord intérimaire sur son programme nucléaire. La conférence Genève-2 est, rappelle-t-on, chargée de lancer la mise en œuvre du plan adopté à Genève en juin 2012 par les grandes puissances pour un processus de règlement politique d'un conflit qui a fait plus de 120 000 morts depuis mars 2011. Il s'agit de mettre en place un gouvernement de transition pour préparer une élection présidentielle, mais la résolution de l'époque était restée muette sur le devenir du président Bachar Al Assad, ce qui en fait aujourd'hui un des principaux points de controverse. Quel avenir pour Al Assad ? Ces dernières semaines, Damas n'a cessé de répéter qu'il ne fallait pas attendre à Genève une remise des clés du pouvoir à l'opposition, au point d'irriter la Russie, son plus puissant soutien politique. La Russie a accusé, jeudi, le président syrien Bachar Al Assad de faire monter la tension par des déclarations sur son éventuelle participation à l'élection présidentielle de 2014. «De tels propos ne font que faire monter la tension et ne calment guère la situation», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. Après la réunion ministérielle du 22 janvier à Montreux, présidée par le secrétaire général de l'ONU Ban ki Moon, où une trentaine de pays doivent être présents, la conférence se poursuivra à Genève à partir du 24 janvier entre les deux délégations syriennes sous l'autorité de M. Brahimi. Aucune indication n'a été donnée sur la durée des travaux, ce sera aux représentants syriens de décider, a prévenu l'émissaire des Nations unies. En attendant, les grandes puissances continuent à s'opposer sur le conflit syrien. Les Etats-Unis ont renoncé, jeudi, à obtenir une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'escalade des bombardements contre Alep (nord de la Syrie), devant l'opposition de la Russie, ont indiqué des diplomates. Le projet de déclaration américain exprimait l'«indignation» du Conseil devant l'offensive de l'armée de l'aviation syrienne, qui bombarde depuis cinq jours les quartiers rebelles d'Alep. Ceci pour dire que pour le moment il vaut mieux rester prudent car, dans le fond, rien n'est véritablement réglé dans le dossier syrien.